Prescriptions : moins vous restez chez le médecin, plus il y a de risques d’erreursAdobe Stock

Un manque de temps. C’est ce que dénoncent de nombreux médecins généralistes exerçant dans des zones sous-dotées, où ils doivent prendre en charge de trop nombreux patients. La conséquence de cette surcharge de travail s’en ressent parfois sur la qualité du soin : pour que tout le monde puisse consulter, il faut souvent écourter les rendez-vous. Il y a aussi les praticiens qui, faute d’empathie, préfèrent enchaîner les consultations sans prendre le temps d’écouter leur patientèle. Dans les deux cas, ce manque de temps passé avec la personne malade peut mener à des erreurs de prescription, parfois graves.

Un lien entre des consultations courtes et un soin de moins bonne qualité ?

C’est le constat d’une équipe de chercheurs de l’école de santé publique de l’Université du Minnesota. Leur étude a été publiée dans la revue JAMA Health Forum le 10 mars 2023. “Les praticiens comme les patients se plaignent au quotidien d’un manque de temps durant les consultations. Cependant, jusqu’à présent, peu de choses venaient prouver qu’il existe un lien entre des consultations courtes et un soin de moins bonne qualité”, constatent les scientifiques en préambule de leur étude. Partant de là, ils ont cherché à confirmer ou infirmer cette hypothèse.

Pour cela, les auteurs de l’étude ont analysé plus de 8 millions de rendez-vous médicaux pour plus de 4,3 millions de patients, aux États-Unis. Les durées de consultations varient considérablement d’un praticien à un autre, notent les chercheurs. La durée moyenne des médecins “médians” est de 18,9 minutes ; celle des médecins dans le premier quartile est de 24,6 minutes ou plus ; celle des médecins dans le dernier quartile est de 14,1 minutes ou moins.

Consultation : les personnes jeunes, d’origine hispanique et noires défavorisées

Premièrement, les chercheurs ont réalisé que les personnes les plus jeunes, assurées par un régime public*, d’origine hispanique et noires se voyaient accorder moins de temps. Ensuite, ils ont noté que pendant les consultations les plus courtes, les patients souffrants d’infections des voies respiratoires supérieures avaient davantage de risques de se voir prescrire des antibiotiques inadaptés ; les patients souffrants de douleurs avaient davantage de risques de se voir prescrire un mélange d’opioïdes et d’anxiolytiques. Les données proviennent de plusieurs cabinets, sur tout le territoire des États-Unis. Les patients, des adultes, ont consulté en 2017.

  • “De tradition libérale, le système d’assurance américain s’organise autour d’assurances privées liées à l’emploi et d’une Assurance Maladie publique pour les personnes à faible revenu et les personnes âgées”, indique Ameli.

Le renouvellement d'ordonnance en cause

Comment expliquer les prescriptions inappropriées ? D’après les auteurs de l’étude, en ce qui concerne les opioïdes et les anxiolytiques, la plupart sont des renouvellements d’ordonnance, ce qui prend peu de temps au médecin et lui évite d’engager une potentielle discussion sur un non-renouvellement.

“Notre étude montre que des consultations plus courtes sont associées, pour certaines mais pas pour toutes, à des prescriptions inappropriées”, synthétisent les scientifiques. D’après eux, il est donc nécessaire de mener d’autres recherches sur le sujet afin d’améliorer les systèmes de prise de rendez-vous et la qualité des prescriptions médicales dans les cabinets des médecins traitants.

Sources

"Association of Primary Care Visit Length With Potentially Inappropriate Prescribing", une étude publiée dans la revue JAMA Health Forum le 10 mars 2023.

https://jamanetwork.com/journals/jama-health-forum/fullarticle/2802144

mots-clés : prescription, erreur
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