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Après le régime groupe sanguin, le régime champignon ou encore le régime loup-garou, place à une autre diète toute aussi farfelue : le régime forking, ou fourchette. L’idée est de ne manger que ce qui peut se piquer avec une fourchette, c’est-à-dire sans faire usage d’un couteau, d’une cuillère ou de ses doigts. Pensée par Ivan Gavriloff, qui a coécrit Dîne avec une fourchette (Ed. Albin Michel, 2005), cette méthode de perte de poids qui ne s’applique qu’au dîner (les autres repas se prennent normalement) permettrait d’éliminer la majorité des graisses et des sucres avant le coucher, ainsi que d’ingérer de plus petites bouchées. Idéal lit-on partout, car cela permet de manger léger avant de se coucher et d’avoir de l’appétit au moment du petit-déjeuner. En apparence, rien de grave. Le régime fourchette pourrait même sembler amusant et ludique, facile à mettre en place. Seulement voilà, ce genre de pratique comporte des conditions parfois très strictes qui peuvent impacter le bien-être.

Fork strict et fork soft

En effet, le régime forking se décline en deux phases : le forking dit "strict" et le forking dit "soft ". La phase stricte est la première que doivent suivre les personnes qui s’essayent à ce régime. Cela veut dire qu’au-delà de manger uniquement ce qui se pique avec une fourchette, elles doivent aussi préparer leur repas avec une fourchette, ce qui limite le choix des aliments. La deuxième phase, plus soft, que l’on peut adopter après plusieurs semaines, permet de cuisiner normalement mais consiste toujours à manger ce qui peut être piqué avec la fourchette.

Un choix d’aliments limité

"La phase stricte de ce régime exclut beaucoup d’aliments, précise Sandra Ferreira, diététicienne-nutritionniste et chroniqueuse sur SqoolTV. Dans la mesure où on ne doit préparer son repas qu’avec une fourchette, il est impossible de manger de la viande, des œufs, du poisson ou encore du pain. Ça limite la possibilité d’avoir une alimentation variée et les repas seront les mêmes tous les soirs ". De façon générale, les personnes qui suivent cette diète font aussi l’impasse sur les sauces, la plupart des fruits, les crustacés non-décortiqués, ainsi que tout ce qui se mange avec les doigts comme les gâteaux, les bonbons, les apéritifs ou encore le chocolat. "Dans l’idéal, il faut manger de façon équilibrée, sauf dans le cas d’un régime spécial en lien avec une maladie, explique la spécialiste. Il ne faut pas s’imposer des choses absurdes comme d’enlever les aliments qui ne se mangent pas avec une fourchette".

L’effet indésirable de la privation

Notamment parce que cela peut vite devenir très ennuyant et frustrant de manger la même chose tous les soirs et, finalement, provoquer l’effet inverse que celui recherché. "Quand on exclut quelque chose, on envoie un message de restriction au cerveau, ce qui lui donne automatiquement envie de manger tout ce qui lui est interdit. Partant de ce principe, aucun régime n’est vraiment intéressant. Ça peut même donner lieux à des excès ".

La solution est de réapprendre à manger

L’idée pour perdre du poids n’est donc pas de se priver, mais de réapprendre à manger correctement. "Je comprends qu’on puisse être en détresse et qu’on cherche la solution miracle, concède la spécialiste. Mais pour qu’une perte de poids fonctionne, il faut un suivi personnalisé. C’est plus complexe qu’une simple perte de calories. Il y a parfois un problème génétique, psychologique ou encore un déséquilibre du microbiote. Les problèmes de poids sont plurifactoriels". En somme, il convient de s’interroger sur ce qui nous pousse à manger, sur notre rapport à la nourriture, ce que cela nous procure. La perte de poids nécessite parfois un travail de réflexion plus profond qu’on ne le pense. "Le travail en amont est très important, le régime c’est le travail en aval".

Le risque de l'effet yo-yo

Le risque avec ce genre de pratique c’est également que pour obtenir des résultats durables, il faudrait ne jamais l’arrêter. "Ou on mange à vie avec une fourchette, ou on va reprendre du poids dès qu’on va remanger normalement, ajoute Sandra Ferreira. Mieux vaut réapprendre à bien manger que d’adopter des techniques éphemerres ".

Il est aussi important de faire preuve de patience et de gentillesse envers soi-même lorsqu’on entame un processus de perte de poids. "Il ne faut pas oublier que l’obésité est une maladie", précise Sandra Ferreira. Selon l’Inserm, l’obésité concernerait 17% des adultes en France et 13% dans le monde. Il existe de nombreuses causes différentes comme la sédentarité ou encore les mauvaises pratiques alimentaires. "La sédentarité et les loisirs tels que la télévision ou les jeux vidéo, l’utilisation de la voiture et des transports en commun dans les déplacements du quotidien induisent quant à eux une diminution de l’activité physique et des dépenses énergétiques". Mais il peut y avoir aussi des causes biologiques variées : "plusieurs équipes françaises, de l’Inserm et du CNRS, ont identifié de nombreux gènes impliqués dans la prise de poids, l’obésité sévère et/ou les complications de l’obésité", écrit l’Inserm.

Sources

Merci à Sandra Ferreira, diététicienne-nutritionniste et chroniqueuse sur SqoolTV. 

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