Les conseils d'une sexologue pour réussir son couple libre Adobe Stock
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Alors qu'un tiers des mariages se terminent en divorce en France - quasiment un sur deux dans les grandes villes - et que les séparations se multiplient, certains couples choisissent une autre voie et s'affranchissent de la norme de la fidélité qui régit les couples dans notre société. Ces couples accordent à chacun des partenaires une liberté d'avoir des rapports sexuels avec d'autres personnes. "Les couples dits libres questionnent la norme de l'exclusivité sexuelle, une norme monogame au fondement de notre société. Ces couples s'affranchissent de cette norme pour vivre autrement leur couple", explique à Médisite Capucine Moreau, sexologue et thérapeute de couple.

S'il y a autant de définitions de couples libres qu'il en existe de relations , "il s'agit d'un couple engagé, un couple principal qui se donne le droit d'aller voir ailleurs et de vivre d'autres relations affectives et sexuelles à côté ", développe la sexologue. Il est important de souligner que l'engagement entre les partenaires est bien réel, tout comme dans un couple qui pratique l'exclusivité sexuelle. "Il n'y a pas de fuite de l'engagement dans un couple libre : les partenaires se choisissent et choisissent la relation. Ils trouvent un équilibre entre le lien qui les unit et la liberté ", poursuit Capucine Moreau.

Un couple solide et une communication forte

Avant de mettre en place un couple libre, il va avant falloir oser en parler. Cela peut être très simple quand les deux protagonistes sont sur la même longueur d'onde, mais c'est loin d'être toujours le cas. "Par expérience, je sais que dans un couple, c'est toujours l'un plus que l'autre qui est plus ouvert sur la nouveautés et insuffle les changements... ", observe notre experte. On peut amener le sujet adroitement lors d'une discussion après avoir vu un film, lu un livre ou fait une rencontre qui s'y prête. "Logiquement, le couple doit être complice et chacun doit avoir une bonne communication avec l'autre car cela demeure un sujet délicat. Et si la discussion autour de cette question est vraiment trop compliqué, c'est sans doute que le couple n'est pas prêt ", commente la spécialiste.

Etant donné qu'il s'agit d'une profonde remise en question des valeurs héritées de notre éducation, il peut même y avoir un peu voire beaucoup de peur, de ce qu'on ne connaît pas notamment, chez les deux personnes. "Il peut y avoir une fermeture réflexe de la part d'un des partenaires qui ne veut pas dire que celui-ci ne peut pas cheminer avec l'autre ", résume Capucine Moreau. En parler, c'est avancer et, éventuellement, avoir envie de prendre cette nouvelle voie. Et pour que ça marche, il est évidemment hors de question d'en faire une condition sine-qua-non à la poursuite du couple. On se retrouverait immédiatement dans une relation toxique.

Ne pas chercher à tout contrôler dès le départ

Si chacun est prêt, quelles règles faut-il poser au préalable pour qu'un couple libre fonctionne ? "Je crois que justement, il vaut mieux adapter au fur et à mesure des expériences. Parce qu'imaginer qu'on va pouvoir tout contrôler dès le départ, cela va à contre-sens de la quête de liberté du couple libre ", commente Capucine Moreau. Raconter ou non, ramener une autre personne à la maison ou non, imposer des jours ou non... tout cela dépendra des individualités au sein du couple et nécessitera progressivement des ajustements.

Pour la sexologue, s'il ne devait y avoir qu'une règle fondamentale pour qu'un couple libre soit un couple équilibré : "c'est le respect de l'autre et le respect de la relation qui doit passer avant tout le reste. Il me semble essentiel que les deux partenaires sentent que le couple qu'ils forment est prioritaire sur les autres relations."

Et pour que chacune des deux parties soient sûrs de cela, il paraît nécessaire de se sentir en sécurité dans son couple et avec soi-même. "Une relation libre et épanouissante demande, je crois, d'être solide dans sa relation mais aussi à l'intérieur de soi. Il nécessite une sécurité psychique intérieure et la capacité à s'écouter et à dire ses limites". Le couple libre sera difficilement épanouissant si on a peur de l'abandon par exemple. On peut "avoir une envie intellectuelle de couple libre mais sans être capable de le vivre dans la réalité". Et ce n'est pas un problème, mais il faut l'accepter.

Faut-il tout se dire parce qu'on a choisi d'être en couple libre ?

Alors que la transparence peut apparaître comme une règle logique, Capucine Moreau met précisément en garde contre l'excès de transparence. "C'est un peu l'angle mort du couple libre : tu me dis tout donc je te contrôle. La transparence peut être aussi tyrannique, que : tu me mens, je te quitte. Dans un couple mature et équilibré, on a pas besoin de tout se dire, on peut conserver un domaine rien qu'à soi." Alors que dire tous de ses fantasmes, flirts, envies de séduire, dans une relation monogame peut rapidement être délétère, la transparence totale n'est pas non plus recommandée dans la relation libre. Un espace secret qu'on gardera pour soi demeure salutaire.

Enfin Capucine Moreau constate dans son cabinet que l'exclusivité sexuelle est le plus souvent remise en cause par des couples jeunes de moins de 30 ans. Elle alerte sur une nouvelle injonction : "Il ne faut surtout pas se sentir coincée, obligée de vouloir autre chose que la norme du couple défendue par ses parents. Choisir l'exclusivité sexuelle peut aussi être tout à fait épanouissant, il faut le garder en tête et ne pas remplacer une injonction par une autre."

Sources

Merci à Capucine Moreau, sexologue et thérapeute de couple.

https://capucinemoreau.com/

mots-clés : couple
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