Définition : qu’est-ce que le trouble bipolaire ?

Le trouble bipolaire est un trouble de l’humeur caractérisé par l’alternance d’épisodes d’excitation allant de l’irritabilité à l’euphorie (on parle de manie ou d’hypomanie) et de périodes de dépression parfois profonde.

Cette affection psychiatrique est susceptible de compromettre la vie socio-professionnelle du malade et l’expose à un risque de suicide.

Ce trouble est souvent associé à d’autres troubles psychiatriques, mais aussi à des troubles addictifs (alcool, drogues, médicaments).

Les soins psychiatriques permettent cependant à la majorité des patients de conserver une vie normale.

Les troubles bipolaires sont-ils fréquents ?

  •  Fréquence du trouble bipolaire :

- En France, la prévalence est de 1 à 2,5 % (1), indépendamment de l’origine ethnique, du groupe socio-économique ou du sexe.

- Le trouble bipolaire du type I (forme la plus grave) concerne 0,6 % de la population en général (2).

  • 60 % des personnes atteintes de trouble bipolaire sont ou seront un jour dépendantes à l’alcool ou à des stupéfiants (3).
  • Le diagnostic est réalisé en moyenne 8 à 10 ans après le début de la maladie (3).
  • Le risque de décès par suicide est extrêmement élevé : 15 à 20 % des patients (1). 
  • Plus de 50 % des malades indiquent que leurs symptômes ont démarré avant leurs 19 ans (3).

Bipolaire de type I, II ou III ?

Le DSM V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) distingue les bipolaires de type I, II et III.

La bipolarité de type I

Elle est la forme la plus invalidante. « Elle est caractérisée par la présence d'au moins un épisode maniaque au cours duquel les symptômes d’excitation sont tels, qu’ils peuvent compromettre la vie socio-professionnelle du patient et souvent nécessiter une hospitalisation. Des manifestations psychotiques (idées délirantes et/ou hallucinations) intègrent parfois ce tableau clinique bruyant », explique le docteur Clara Brichant-Petitjean, psychiatre au GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences.

La bipolarité de type II

Les malades sont touchés par au moins un épisode dit d’« hypomanie » et un épisode dépressif majeur. « L’excitation liée à l’hypomanie est moindre que celle rencontrée dans la manie. Elle a moins d’impact socio-professionnel et ne nécessite pas toujours une hospitalisation. Les patients ne présentent pas souvent de symptômes psychotiques », selon la spécialiste.  

La bipolarité de type III

Il en existe deux sous types :

  • les sujets présentant des épisodes maniaques ou hypomaniaques provoqués par la prise d’antidépresseurs ;
  • les personnes présentant uniquement des épisodes dépressifs, mais associés à des antécédents familiaux de trouble bipolaire.

Le trouble bipolaire est-il une forme de folie ?

Ce trouble psychiatrique a été décrit pour la première fois en 1854 par deux psychiatres français : Falret et Baillarger. Il faudra attendre 1889 pour que le psychiatre allemand Kraeplin décrive la maladie dans sa conception actuelle. Il la nomme « psychose ou folie maniaco-dépressive ». En effet, la perte de contact avec la réalité de certains patients a longtemps mené les médecins à catégoriser le trouble bipolaire, parmi les psychoses.

Désormais, le trouble bipolaire est défini dans la cinquième et dernière version du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) ou DSM V qui est l’ouvrage de référence internationale décrivant et classifiant les troubles mentaux. Ce manuel est publié par l’APA (American Psychiatric Association). La maladie est aujourd’hui qualifiée de trouble de l’humeur, mais le manuel y associe d’éventuels symptômes psychotiques (délire, hallucinations…) dans les cas graves.

Bipolaire, cyclothymique ou simplement lunatique ?

Nous avons facilement tendance à qualifier certaines personnes cyclothymiques ou simplement lunatique de « bipolaires ». Le fait d’être lunatique (c’est-à-dire d’humeur changeante) n’a rien de pathologique. La cyclothymie est une forme atténuée du spectre du trouble bipolaire : « Le diagnostic est constitué lorsqu’une personne présente sur une période d’au moins 2 ans, une alternance de phases hypomaniaques et d’états dépressifs mineurs ».

Bipolarité ou dépression : comment les différencier ?

Dans les années 1960, les médecins établissaient la distinction entre trouble bipolaire et unipolaire. Ce dernier se caractérise par des épisodes dépressifs légers (dysthymie) à sévères (dépression majeure) mais ne connaît pas d’accès maniaques ou hypomaniaques comme dans le trouble bipolaire.

Bipolarité ou manie ?

La manie est un trouble de l’humeur caractérisé par un état d’excitation psychique et motrice anormalement élevé. Contrairement aux idées reçues, le « maniaque » au sens clinique n’est pas une personne obsessionnelle (du ménage par exemple). La manie constitue une facette du trouble bipolaire lorsqu’elle est entrecoupée d’épisodes dépressifs. D’autres maladies psychiatriques ou neurologiques connaissent des phases maniaques.

Quand le trouble bipolaire apparaît-il ?

Les premiers symptômes sont susceptibles d’apparaître au début de l’âge adulte. « La plupart du temps la maladie se déclenche aux alentours de la vingtaine (en moyenne entre 18 et 25 ans).

Une minorité de patients est atteinte dès l’adolescence, voire l’enfance.

Beaucoup plus rarement, la bipolarité peut se déclencher après 50 ans, mais on recherche alors à éliminer une maladie neurologique sous-jacente », explique la psychiatre.  

Quels sont les symptômes des troubles bipolaires ?

La maladie est caractérisée par l’alternance d’épisodes maniaques (ou hypomaniaques), dépressifs et parfois « mixtes » (épisodes présentant à la fois des symptômes dépressifs et maniaques ou hypomaniaques).

Souvent, des phases de stabilité de l’humeur séparent ces épisodes. « La durée et la fréquence des épisodes et des phases de stabilité sont très variables (de quelques semaines à plusieurs mois) selon la sévérité du trouble et selon que le patient soit ou non traité. », selon le docteur Clara Brichant-Petitjean.

Reconnaître un épisode maniaque ou hypomaniaque

L’épisode maniaque

L’épisode maniaque dure au moins une semaine. Le sujet est alors anormalement excité ou irritable. Il déborde d’énergie et présente au moins trois des symptômes suivants :

  • une grande estime de soi et/ou des idées mégalomanes ;
  • un besoin réduit de sommeil ;
  • la personne est logorrhéique présentant un besoin intarissable de parler. Son flux de paroles est précipité, diffus et continu ;
  • des idées confuses ou une pensée qui s’emballe ;
  • le sujet éprouve du mal à fixer son attention. Il est facilement distrait ;
  • une hyperactivité  et un surinvestissement social, professionnelle, scolaire voire sexuel ; 
  • une agitation motrice et une augmentation de l’activité, mais celle-ci est dénuée de but et improductive ;
  • des conduites à risque ou irresponsables : achats compulsifs, conduites sexuelles à risque, jeux d’argent, prostitution, exhibitionnisme, libertinage, investissements financiers inconsidérés… ;
  • manifestations psychotiques : idées délirantes, hallucinations et déstructuration de la pensée.

Ces symptômes peuvent gravement compromettre la vie sociale et professionnelle du malade. L’hospitalisation est souvent nécessaire.

L’épisode hypomaniaque

Cette phase dure au moins 4 jours consécutifs. Elles présentent les mêmes symptômes que les épisodes maniaques, mais ces derniers sont d’intensité moindre. En outre, ces épisodes ne présentent jamais de symptômes psychotiques (idées délirantes, hallucinations). Enfin l’ensemble de ces signes cliniques n’altère pas de façon marquée la vie socio-professionnelle des patients.

Les manifestations dépressives 

Cet épisode dure au moins deux semaines. Le patient présente au moins 5 de ces symptômes :

  • une humeur dépressive : le sujet est triste ;
  • une absence d’intérêt ou de plaisir ;
  • une perte ou une augmentation de l’appétit (et du poids) ;
  • des troubles du sommeil : insomnie ou au contraire hypersomnie ;  
  • un ralentissement psychomoteur ;
  • une fatigue, perte d’énergie, voire asthénie ;
  • un complexe d’infériorité, une dévalorisation de soi, une culpabilité excessive, inappropriée, voire délirante ;
  • une difficulté de concentration et de raisonnement ;
  • une indécision ;
  • des idées noires et des pensées morbides ;
  • des pulsions ou des idées suicidaires avec ou sans plan précis.

À noter que l’ensemble des symptômes du trouble bipolaire n’est pas explicable par la prise de stupéfiants, d’alcool ou par un trouble hormonal (hypothyroïdie). Un évènement heureux ou triste est souvent un élément déclencheur.

Les troubles bipolaires peuvent-ils toucher les enfants et les adolescents ?

Le trouble bipolaire chez l’enfant

Le trouble bipolaire peut toucher les jeunes enfants et les pré-adolescents. Les symptômes sont proches de ceux observés chez l’adulte, mais l’enfant les exprime différemment. En phase maniaque, il sera plus excité et plus joueur par exemple. Ils présentent souvent un trouble de l’attention et une hyperactivité. Durant les épisodes dépressifs, il sera particulièrement « bougon » et peut aussi se mettre à pleurer plus fréquemment. Les enfants peuvent présenter des idées suicidaires ou morbides.

Le trouble bipolaire chez l’adolescent 

Pour 30 % des patients, le trouble bipolaire démarre dès l’adolescence, aux alentours de 15 ans (3). Si les symptômes sont de même nature que chez l’adulte, ils sont généralement de plus forte intensité. Le trouble bipolaire peut s’apparenter à une crise d’adolescence « décuplée » notamment en phase maniaque : acte de rébellion ou de provocation, prise de risques, consommation de substances illicites… Les adolescents sont plus souvent en proie à des symptômes psychotiques que les adultes. En phase dépressive, les tentatives de suicides ne sont pas rares. Ces jeunes doivent être étroitement surveillés.

« Le diagnostic chez l’enfant et l’adolescent est souvent plus difficile. Il est recommandé de consulter un pédopsychiatre. La précocité du trouble est un critère de sévérité », selon la praticienne.

Quelles sont les causes de ces troubles de l’humeur ?

L’hypothèse retenue actuellement est d’ordre biopsychosociale, à savoir une association de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux.

Une cause génétique probable

  • Un risque augmenté chez les proches parents

Il a été observé une augmentation du risque de présenter la maladie chez les apparentés de premier degré (10 %) en comparaison à sa fréquence dans la population générale (1 %). En outre, certaines études démontrent que chez les jumeaux monozygotes ou « vrais jumeaux » (ayant un génome identique), les deux enfants sont atteints dans 40 % des cas contre seulement 20 % chez les jumeaux dizygotes (2). Toutefois, jusqu’à ce jour aucune gêne n’a été clairement identifié comme responsable du trouble.

  • Une vulnérabilité immuno-inflammatoire

Selon les travaux du docteur Marion Leboyer (Responsable du pôle psychiatrie à l’Hôpital Henri-Mondor à Créteil et dirigeante d’une équipe de recherche INSERM), les patients bipolaires sont porteurs de variantes génétiques les rendant plus sensibles aux agressions telles que le stress sévère ou les infections (notamment au début de la vie). Un état inflammatoire de bas niveau va entraîner une perméabilité intestinale responsable de réactions auto-immunes compromettant le fonctionnement du cerveau à l’origine du trouble bipolaire. Elle est aussi responsable de l’association fréquente entre différentes pathologies chroniques et le trouble bipolaire : syndrome métabolique, maladies cardiovasculaires ou auto-immunes...

Une influence environnementale

Sur ce terrain génétique favorable d’autres facteurs environnementaux ou psycho-sociaux sont susceptibles de déclencher ou d’aggraver la maladie : traumatismes précoces, expositions prolongées au stress

Des anomalies biologiques 

  • Des anomalies des neurotransmetteurs

L’état dépressif est dû à un déficit en neurotransmetteurs cérébraux dont la sérotonine (régulatrice de l’humeur). Les accès maniaques seraient, quant à eux, liés à une augmentation de la dopamine et de la noradrénaline. Le GABA (neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux) serait aussi altéré chez ces patients. 

Enfin, une anomalie de la somatostatine (neurotransmetteur qui conditionne le rythme circadien) a été démontré dans le trouble bipolaire (2). Sa diminution dans l’amygdale est en corrélation avec la sévérité des symptômes. Ce constat expliquerait que la maladie est souvent associée à des désordres circadiens.

  • Des anomalies cérébrales

Les techniques d’imagerie cérébrale ont permis d’identifier des altérations dans les régions frontales, temporales et au niveau des ganglions de la base chez les patients atteints de trouble bipolaire.

Quels sont les facteurs de risque ?

  • Des facteurs génétiques : le fait d’avoir un proche parent lui-même atteint.
  • Des facteurs environnementaux et sociaux : des expositions prolongées au stress à un âge précoce, des évènements traumatisants, une consommation abusive ou une dépendance à l’alcool ou à des produits stupéfiants…

Quelles sont les personnes à risque ?

Le trouble bipolaire concerne 1 à 2,5 % de la population (1). Il peut affecter tout individu quel que soit son sexe, son âge ou ses origines ethniques. Ce trouble débute le plus souvent au début de l’âge adulte. Les personnes ayant un proche parent atteint sont les plus à risque et a fortiori en présence d’autres facteurs de risque (stress, traumatisme, abus d’alcool, consommation de stupéfiants…).

Quelle est la durée de cette maladie ?

« Le trouble bipolaire est une maladie chronique qui nécessite des soins psychiatriques au long cours. La fréquence et la durée des épisodes au cours de la vie est variable d’un individu à l’autre. Avec un traitement stabilisateur de l’humeur, une rémission est possible en quelques semaines », selon le docteur Clara Brichant-Petitjean.

Comment évoluent les troubles bipolaires ?

Si la maladie est bien prise en charge, les épisodes peuvent être moins fréquents et/ou moins longs et moins intenses, voire, dans le meilleur des cas, disparaître complètement. En l’absence de traitements ou en cas de résistance à ceux-ci, les épisodes peuvent être plus récurrents avec parfois une disparition des phases de stabilité.

Quelles sont les conséquences de la pathologie ?

Lorsque le trouble bipolaire n’est pas pris en charge, la vie socio-professionnelle et financière du patient est fortement impactée. Les tentatives de suicide sont extrêmement fréquentes. Le décès par suicide est de 15 à 20 % (1). La personnalité du patient marqué par la maladie peut être affectée, même en période de rémission. Le trouble bipolaire expose au développement d’autres pathologies psychiatriques (troubles anxieux notamment) et/ou liées à une mauvaise hygiène de vie : obésité, diabète, dénutrition, cancers, maladies cardio-vasculaires...

Quelles sont les complications ?

Les complications propres à l’évolution du trouble bipolaire  

  • Des rechutes plus sévères. À noter que 50 % des rechutes se produisent dans l’année qui suit l’hospitalisation (4).
  • Une chronicisation  avec une la persistance de l’ensemble de la symptomatologie dans 5 % des cas et une résistance des symptômes plus discrète dans 25 % des cas (4).
  • Des cycles dits « rapides » : lorsque le malade endure plus de quatre cycles dans une seule année. Ils apparaissent généralement tardivement dans la maladie mal prise en charge (seulement 20 % sont primaires).
  • Une personnalité « post-morbide » : le trouble bipolaire peut laisser des séquelles psychologiques. Sur le long terme, certains sujets souffrent d’une perte de confiance, d’une dépendance interpersonnelle ou encore d’un sentiment d’insécurité.  

 Le risque suicidaire et les complications psycho-sociales 

  • Une première étude de 1970 (5) rapportait un risque de décès par suicide de 15 %, soit un taux 30 fois supérieur à celui de la population générale. Les études postérieures à 1980 mentionnent jusqu’à 19 % de décès par suicide (6) ;
  • Pour ce qui est des tentatives de suicide, on estime que 25 à 50 % des bipolaires font des tentatives de suicide (4). Le plus souvent ces gestes font suite à un évènement auto-promu ou provoqué par les patients eux-mêmes ;
  • Certaines études ont mis en évidence des complications psychosociales : 1/3 des patients bipolaires présentent une détérioration sociale marquée ; 30 à 40 % ont une pension d’invalidité à 10 ans (4). 

Les complications thérapeutiques 

  • Entre 18 à 53 % des patients n’appliqueraient pas les prescriptions médicales (4). Cette mauvaise observance est liée à l’instabilité des patients et aux effets indésirables des traitements.
  • L’arrêt des traitements (et en particulier du lithium) peut entraîner des symptômes de dépendance et des rechutes.

Vivre avec un trouble bipolaire

« Il est important que le patient puisse apprendre à mieux connaître sa maladie, à en reconnaître les manifestations et à mieux repérer les facteurs déclenchants des rechutes. Pour cela, des séances de psychoéducation existent », recommande la thérapeute. 

Les proches du patient peuvent s’informer afin d’aider ce dernier : « le malade n’est pas toujours à même de prendre les bonnes décisions pour lui-même pendant les épisodes, il est donc important de pouvoir l’accompagner dans ces phases-là.  En tant que psychiatres, nous consultons les proches pour une meilleure prise en charge puisqu’ils connaissent bien mieux le patient que nous », souligne la spécialiste.

Troubles bipolaires et créativité

Il n’est pas rare que le trouble bipolaire donne un élan de créativité au patient notamment dans les phases maniaques/hypomaniaques. Il est important de ne pas complètement brider le malade lors de ces phases.

Si cette maladie reste invalidante, certains patients apprennent à la maîtriser partiellement et à en tirer profit. Le trouble bipolaire touche et a touché beaucoup de noms célèbres (Van-Gogh, Baudelaire, Churchill)…

Est-ce un trouble psychiatrique contagieux ?

Le trouble bipolaire n’est pas une maladie contagieuse.

Qui, quand consulter en cas de symptômes ?

En cas de symptômes évocateurs, il est recommandé de consulter un médecin ou un psychiatre. En cas de symptômes aigus, vous pouvez joindre les pompiers (18), le SAMU (15), la police (17) ou encore le Centre Médico-Psychologique (CMP) le plus proche de votre domicile.

Comment diagnostiquer un trouble bipolaire ?

Le diagnostic est effectué par un psychiatre. Le praticien interroge le malade afin de retracer l’historique des épisodes maniaques ou dépressifs. Il peut aussi s’entretenir avec des membres de la famille. "Le psychiatre évalue la gravité du trouble. Il recherche aussi des comorbidités c’est-à-dire d’autres troubles associés (anxiété, troubles addictifs…)".

Une équipe du CHU de Montpellier travaille actuellement sur un test sanguin pour détecter la bipolarité. Le psychiatre Raoul Belzeaux explique à franceinfo qu’il s’agit pour le moment "d'outils en cours de développement et en particulier d'un projet de biomarqueurs qui devraient aider les cliniciens à orienter leurs diagnostics". Le but d’un tel test est de réduire le retard, et donc l’errance diagnostiques pour les personnes souffrant de ce trouble psychiatrique, qu’on méprend encore fréquemment pour un trouble dépressif.

L’errance diagnostique des personnes bipolaires est aujourd’hui estimée entre 5 et 10 ans. Toutefois, les tests de l’équipe du CHU de Montpellier sont destinés à un public bien précis : “Ce qu'on veut, c'est détecter la bipolarité dans des situations où l’on a besoin de faire un diagnostic différentiel, c'est-à-dire différencier le trouble dépressif, par exemple, du trouble bipolaire", précise Raoul Belzeaux.

Étude : des chercheurs parviennent à prédire les troubles bipolaires 4 ans avant le diagnostic 

Récemment, une équipe de scientifiques a présenté les résultats de leur étude réalisée sur 22 ans, lors du congrès virtuel de l’European college of neupsychopharmacology. Grâce à leur découverte, on aura la possibilité de prédire le développement de troubles bipolaires quatre ans avant les premiers symptômes.

"Cela peut être un outil supplémentaire pour le diagnostic du trouble bipolaire mais il ne remplacera pas le diagnostic d'un médecin. En revanche, il peut leur permettre de prendre des mesures préventives pour ralentir ou éviter l'apparition de la maladie, et ainsi gagner 4 ans de traitement préventif", explique le chercheur principal de l’étude et docteur à l’Université fédérale de Rio Grande do Sul, Francisco Diego Rabelo-da-Ponte.

Une aide précieuse dans la recherche car en moyenne, il faut un délai de six ans entre les premiers symptômes et un diagnostic officiel.

Pour leurs recherches, les médecins ont suivi 3810 personnes, toutes nées à Pelotas (Brésil). L’étude avait pour but d’évaluer l’état de santé des patients dès la naissance, et en particulier leur santé mentale. Les scientifiques ont suivi des jeunes jusqu’à leurs 22 ans. Sur les 3810 participants, environ 255 ont fini par développer des troubles bipolaires.

"Nous pouvons identifier qui développera un trouble bipolaire environ quatre ans avant le début de la maladie, en suivant les individus dès la naissance", ajoute le docteur.

À l’issue de l’étude, les médecins ont découvert plusieurs facteurs permettant de prédire un risque de troubles bipolaires. On retrouve une tendance aux pensées suicidaires, un état anxieux ou encore des violences subies par les parents. Si un des jeunes présente un ou plusieurs de ces signaux, il serait plus à risque, selon les chercheurs.

"Il est très difficile et coûteux de reproduire une étude aussi longue que celle-ci, mais ce que nous avons trouvé indique qu’il faut que nous approfondissions nos recherches », conclue le chercheur principal de l’étude.

Quels sont les traitements des troubles bipolaires ?

Les traitements de fonds

Les régulateurs de l’humeur (ou thymorégulateurs) constituent le traitement de fond du trouble bipolaire. Le choix du traitement s’effectue en fonction de la nature et de l’intensité des symptômes. Les dosages sont ajustés progressivement. Des associations de plusieurs thymorégulateurs différents peuvent être prescrites.

  • Le lithium (Téralithe®) : il est le plus fréquemment utilisé. Sa prescription nécessite un bilan médical complet (bilan sanguin, ECG…) à renouveler chaque année.
  • Les antiépileptiques (valproate, carbamazépine, lamotrigine) : ce sont des traitements de seconde intention prescrits pour éviter les rechutes et efficaces pendant les phases maniaques. Le valproate ne peut être prescrit chez la femme enceinte.
  • Les neuroleptiques atypiques (aripiprazole, olanzapine, quétapine, risperdone) : ils sont efficaces pour éviter les rechutes et traiter les épisodes maniaques.

Les traitements des phases aiguës

  • La sismothérapie (électroconvulsivothérapie) anciennement appelée « électrochocs » : l’intervention s’effectue sous anesthésie générale. Le patient reçoit un courant électrique à l’intérieur du cerveau. Ce dernier va provoquer une crise d’épilepsie déclenchant la production de neurohormones. Ces substances vont favoriser le développement de nouvelles connexions cérébrales.
  • Les antidépresseurs en particulier ceux de la famille des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine : ces médicaments sont généralement contre-indiqués car ils peuvent favoriser la survenue des épisodes maniaques.

Comment prévenir la maladie ?

Il est difficile de prévenir la survenue de la maladie. Toutefois, certaines dispositions permettent d’éviter le déclenchement des épisodes :

  • éviter l’abus d’alcool ou la prise de stupéfiants ;
  • éviter les facteurs de stress ;
  • ne pas prendre d’antidépresseurs sans prescription médicale ;
  • prendre les traitements prescrits et suivre une thérapie afin de prévenir les récidives.

Je suis bipolaire, vais-je avoir un traitement à vie ?

Réponse du Dr. Clara Brichant-Petitjean, psychiatre :

« Un traitement stabilisateur de l’humeur sur long cours est indispensable. Mais en pratique, beaucoup de patients ont tendance à l’arrêter pendant les périodes de rémission, se sentant mieux, voire parfois pour retrouver l’état d’exaltation inhérent aux épisodes maniaques. »

Sites d'informations et associations

Fondation Fondamentale

Fondation Argos

Troublebipolaire.com

Bicycle-asso

Sources

Entretien avec le Docteur Clara Brichant-Petitjean, psychiatre au GHU Paris Psychiatrie&Neurosciences.

Trouble bipolaire, trouble maniaco-depressif, MDS manuals, 2018

Neurobiologie intégrée du trouble bipolaire, Vladimir Maletic and Charles Raison, ncbi, 2014

 

(1)   Troubles bipolaires : repérage et diagnostic en premier recours, Haute Autorité de Santé, 2014

(2)  Merikangas KR, Jin R, He JP, Kessler RC, Lee S, Sampson NA, et al. Prevalence and correlates of bipolar spectrum disorder in the world mental health survey initiative. Arch Gen Psychiatry 2011;68(3):241- 51.

(3)  Le trouble bipolaire, FRC

(4)   Vulnérabilité génètique et trouble bipolaire, Stéphane Jamain, 2014

(5)   New findings linking abnormalities in circadian rhythms to neurochemical to changes in specific neurotransmitters, McLean Hospital , 2016

(6)   Les complications du trouble bipolaire, M.Walter et P.Genest 

(7)   GUZE SB, ROBINS E. Suicide and primary affective disorders. Br J Psychiatry 1970 ; 117 : 437-8

(8)   GOODWIN FK, JAMISON KR. Manic-depressive illness. New York : Oxford University Press, 1990. 

"Existe-t-il un test sanguin pour dépister la bipolarité ? Le Vrai du Faux Junior", un article de franceinfo.

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux-junior/existe-t-il-un-test-sanguin-pour-depister-la-bipolarite-le-vrai-du-faux-junior_5570346.html

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