Définition : qu'est-ce qu'une tendinite ? 

Une tendinite est une inflammation des cordons très résistants, qui relient le muscle à l’os, appelés couramment les tendons. Elle apparaît à la suite d’un geste répété ou d’un effort ayant stimulé avec excès ces tissus. Elles sont donc provoquées après un traumatisme unique ou des événements répétés microtraumatiques.

"Les tendinites peuvent entraîner des douleurs très importantes" et empêcher les mouvements, aussi minimes soient-ils, explique le Docteur Ignace Szumukler, médecin généraliste. La plus fréquente est celle de l’épaule qui se poursuit le long biceps. On parle de "périarthrite scapulo-humérale, mais il existe aussi des tendinites du poignet, du coude et du genou", poursuit le spécialiste. Une ténosynovite peut aussi apparaître lorsque la gaine du tendon, autrement dit son enveloppe protectrice, est enflammée.

Chiffres

Il est difficile d’avoir un chiffre global et précis sur le nombre de tendinites. En revanche, celles liées aux tâches effectuées au travail font partie des troubles musculo-squelettiques (TMS). Ces derniers représentent ¾ des maladies professionnelles, et constituent la première maladie professionnelle en France. 

Symptômes de la tendinite : douleur et inflammation

Épaule, coude, genou, poignet, hanche... Peu importe l’endroit où elle localisée, une tendinite limite les possibilités de mouvements. Les gestes sont restreints à cause des tendons enflammés et douloureux. On peut aussi ressentir une chaleur et un gonflement au niveau des tendons.

La tendinite correspond à l’inflammation aiguë ou chronique d’un tendon. Celui-ci augmente de volume en raison de l’œdème. Il est très induré. C’est pourquoi la douleur survient surtout à la mobilisation ou à l’appui au niveau de l’articulation atteinte. À la palpation, le tendon forme un cordon très dur et douloureux. On peut parfois sentir de petites boules dures qui correspondent à des nodules. Lorsqu’on est atteint d’une tendinite, la mobilisation de l’articulation est douloureuse et limitée, dès qu’elle met en tension le tendon touché. 

Quelques signes pour reconnaître une tendinite : 

  • La douleur inflammatoire aiguë est maximale en fin de nuit et le matin.
  • La douleur mécanique se réveille quand on fait le geste qui tire sur les tendons, et se majore avec la répétition du mouvement douloureux.
  • Il n’est pas rare d’avoir mal au petit matin dans les premiers jours d’un surmenage, ensuite la douleur devient de plus en plus mécanique, avec des poussées de temps en temps, surtout si l’on force le mouvement qui fait mal.
  • Une tendinite du genou qui apparaît après une promenade prolongée ou une partie de tennis est une ligamentite de surmenage à l’effort.

En l’absence de traitement et d’immobilisation rapide, les symptômes de la tendinite peuvent durer longtemps. La douleur peut même survenir au repos et être nocturne.

De quel type de tendinite souffrez-vous ?

La tendinite de l’épaule

La tendinite de l’épaule© Istock

La tendinite de l’épaule, que l’on appelle "tendinite de la coiffe des rotateurs" est la plus fréquente. Les tendons des muscles servant à bouger ou tourner l’épaule sont atteints. Il devient douloureux de lever le bras, et s’habiller est parfois une tâche ardue. Durant le sommeil, la sensation peut être accentuée si le bras est compressé par le poids du corps.

La tendinite du coude ou l'épycondylite

La tendinite du coude ou l'épycondylite© Istock

La tendinite du coude appelée aussi "épicondylite" rend particulièrement douloureuse la face externe du coude. Résultat : il est difficile de l’étendre, de tourner l’avant-bras, d’attraper des objets. Habituellement, cette affection intervient chez ceux qui travaillent sur ordinateur, "entraînant un décollement du coude", précise notre expert.

Les tendinites du genou

Les tendinites du genou© Istock

Affectant surtout les sportifs, les tendinites du genou peuvent toucher des tendons différents. On parle de tendinite rotulienne lorsque la douleur apparaît au niveau de la rotule. Lorsque la gêne est située au-dessus de celle-ci, il peut s’agit d’une tendinite quadricipitale. Très courante, il y a aussi la « patte d'oie », touchant les tendons de la face postéro interne du tibia.

Enfin, le syndrome de la bandelette ilio-tibiale (ou syndrome de l'essuie-glace) affecte le tendon du Fascia Lata et la face latérale des condyles fémoraux.  

La tendinite du poignet ou "de Quervain"

La tendinite du poignet ou "de Quervain"© Istock

La tendinite du poignet, appelée aussi "La maladie de Quervain" entraîne une raideur au niveau des poignets. Des nodules au niveau des tendons peuvent également apparaître.

Avec le temps, les deux tendons étendant le pouce s’enflamment et se retrouvent bloqués dans leur gaine. 

Le conseil du Dr Szmukler sur la tendinite de la hanche et du talon

Outre ces tendinites, celle de la hanche et du tendon d’Achille sont fréquentes. La première, appelée aussi "bursite trochantérienne", précise le docteur Szmukler apparaît au niveau de la zone glutéale et du grand trochanter (fessier). Pour cette inflammation, les infiltrations peuvent s’avérer très efficace, souligne le médecin généraliste. La tendinite du talon touche surtout les sportifs (notamment des athlètes de course à pied, des footballeurs et basketteurs). Le pied étant sans cesse sollicité, le processus de guérison peut être très long, d’où l’importance d’arrêter l’activité physique durant la convalescence. Si les séances de kinésithérapie et les ondes de choc ne permettent pas de guérison, l’infiltration pourra être proposée. 

À noter : Peu importe où elles sont localisées, les douleurs liées aux tendinites peuvent apparaître brutalement ou progressivement. 

La tendinite du poignet ou "de Quervain"

Causes

L’origine d’une tendinite n’est pas toujours connue. Toutefois, différentes causes peuvent augmenter le risque de tendinite. Parmi celles-ci, on retrouve :

  • Le fait d’avoir effectué un mouvement excessif : geste brusque, le fait de porter une charge lourde…
  • La répétition de certaines tâches,  notamment sur le lieu de travail. Les loisirs sont aujourd’hui leur cause majeure, talonnée de près par les causes professionnelles. Plus un travail est manuel, plus le surmenage articulaire et musculaire lors de tâches répétitives est fréquent. 
  • L’âge : dès 40 ans, les individus peuvent voir progressivement leurs tendons se fragiliser. La tendinite d’épaule est fréquente chez le sujet âgé en raison de la fragilité des trois principaux tendons de la coiffe des rotateurs de l’épaule.
  • Les entraînements sportifs répétés et intenses. La tendinite est très fréquente chez le sportif en raison de la sollicitation excessive des muscles et des tendons. On observe par exemple le "tennis elbow" chez le tennisman, qui correspond à une tendinite du coude ou encore la tendinite d’Achille chez le coureur. La tendinite du sportif fragilise fortement le tendon et le risque majeur est la rupture. Celle-ci est facilement reconnue, car le sujet ressent une déchirure brutale et le muscle touché se rétracte immédiatement.
  • Une musculature défaillante (liée à une maladie). La rupture est rare dans ce cas, mais la tendinite a plutôt tendance à devenir chronique.

Autant d’éléments pouvant entraîner une contracture du muscle sous le tendon, qui va s’enflammer. 

Ainsi, l’inflammation ligamentaire est le plus souvent due à un surmenage de l’articulation, l’inflammation tendineuse à un surmenage musculaire

Facteurs de risque

Les principaux facteurs qui peuvent augmenter le risque de tendinite sont les suivants : 

  • Une mauvaise posture et les mouvements et gestes répétitifs au travail : faire les mêmes gestes (nettoyage, construction, peinture...), subir des vibrations (marteau-piqueur…), rester longtemps dans la même position
  • Des entraînements sportifs trop excessifs et intensifs : le tennis, la course à pied, le golf, la natation, les sports où l’on saute (basketball, volleyball)… 
  • La prise de certains antibiotiques types fluoroquinolones. Ces derniers peuvent affaiblir le tendon (risque de tendinopathie), ou pire, causer la rupture du tendon.

Personnes à risque

Outre l’âge favorisant l’affaiblissement des tendons, certaines maladies peuvent également augmenter le risque de tendinites ou de ténosynovite. Voici les populations particulièrement à risque :

  • Le vieillissement / les personnes qui avancent dans l'âge : les tendons perdent de leur élasticité en vieillissant ;
  • Les personnes souffrant de maladies musculaires ou articulaires (la goutte, la polyarthrite rhumatoïde…) ;
  • Les personnes diabétiques;
  • Les femmes souffrant de blennorragie (ou gonorrhée). La bactérie à l’origine de cette infection sexuellement transmissible peut augmenter le risque de ténosynovite de différentes parties du corps (épaules, poignets, doigts, chevilles, hanches et pieds).

Durée

Le processus de guérison peut être long si l’on laisse la douleur s’installer.

Mais "il ne faut pas que cela devienne chronique", d’où l’importance de consulter rapidement. Néanmoins, si la prise en charge est rapide et si le médecin opte pour une infiltration, le patient peut se remettre de l’inflammation en quelques jours" précise le docteur Szmukler.  Toutefois, cette technique est souvent utilisée en dernier recours avant l’opération.

À noter : en règle générale, un tendon mis au repos a besoin de 3 à 6 semaines pour guérir. Néanmoins, les gestes du quotidien allongent souvent l’inflammation. 

Qui, quand consulter ?

Comme l’explique le médecin généraliste, "il ne faut pas laisser pérenniser une tendinite. Il faut consulter avant qu’elle ne devienne chronique". 

Complications

Afin de ne pas aggraver la tendinite, il est important de ne pas forcer sur le membre touché.

  • Si la tendinite est bien installée, cela peut entraîner un dépôt calcique autour de l’articulation augmentant la douleur, et limitant davantage les mouvements. Une raideur plus ou moins sévère peut ainsi se manifester au niveau du coude, de l’épaule ou encore du poignet.
  • Si le tendon est très abîmé, il peut se rompre en cas d’effort excessif, s’il n’a pas été (bien) soigné auparavant.

À noter : en cas de tendinite au genou, en fonction de l’âge, le médecin procèdera à une recherche d’une destruction cartilagineuse associée, afin de savoir s’il s’agit d’un début d’arthrose ou non, souligne notre spécialiste. 

Examens et analyses

Le diagnostic d’une tendinite repose souvent sur un examen clinique. "Un médecin qui a de l’expérience détectera facilement cette inflammation", précise notre spécialiste. Parfois, une IRM, une échographie pourront aussi permettre d’affiner le constat et d’analyser la gravité de la tendinite. 

Traitements

Le repos et les poches de gel

La première chose à faire en cas de tendinite est de mettre au repos le membre affecté. Avant de vous rendre chez un spécialiste, les poches de gel de froid et/ou de chaleur peuvent atténuer les symptômes précoces. En plus des anti-inflammatoires non stéroïdiens, il pourra être recommandé de mettre une attelle.

La kinésithérapie

Selon le Docteur Ignace Szmukler, si les séances de kinésithérapie sont souvent prescrites en cas de tendinites, les effets seront plus tardifs. Le traitement dure de 3 à 6 mois en moyenne.  Il ne conseille donc pas forcément cette technique selon la gravité de la tendinite. Si votre médecin vous prescrit des séances, un professionnel vous fera s pratiquer des exercices spécifiques (étirements, renforcement musculaire…). Il procédera également à des drainages lymphatiques. Si cela ne suffit pas, il pourra recourir aux ondes de choc. Pour ce faire, il utilisera un appareil projetant des impulsions sur la zone à traiter.

L’infiltration associée aux anti-inflammatoires

"Il est possible de guérir très rapidement d’une tendinite grâce à la technique de l’infiltration", explique le docteur Szmukler. "Associée à la prise de corticoïdes locaux sous forme de pommade, et/ou par voie orale durant une semaine, l’inflammation peut être traitée en 48 heures seulement".

À noter : en cas de récidive, on évitera les infiltrations qui peuvent à la longue fragiliser le tendon. De plus, les anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS), contenant de la cortisone, sont connus pour fragiliser l’épiderme dans la durée.

L’injection de plasma enrichie de plaquettes

Lors d’une rupture tendineuse, ou intra tendineuse, il est possible d’opter pour une  injection de sérum enrichi de plaquettes. Cela consiste à prélever un petit peu de sang chez le malade, "et de séparer le plasma des globules rouges par centrifugation". Le médecin injecte ensuite le sérum de plaquettes dans la zone abîmée.

Cela permet de faire cicatriser rapidement l’inflammation. Toutefois, cette technique est davantage proposée aux sportifs.

La mésothérapie

Parfois, le praticien optera pour quelques séances de mésothérapie. Différente de l’infiltration, elle consiste à injecter à petites doses, les produits anti-inflammatoires autours de la zone à traiter. Elle évite la circulation des produits dans l’organisme.

La cryothérapie

Pour les cas les plus sévères, cette technique est réalisée via l’application de froid sur un tendon.

La chirurgie

En cas d’inflammation du tendon, la chirurgie est très rarement pratiquée. Il s’agit d’une dernière option après échecs des différents traitements médicaux pour les tendinopathies chroniques.

L’acide hyaluronique

Cette technique, qui porte déjà ses fruits dans le cas d’injections ciblées sur les articulations pour traiter l'arthrose est, aujourd’hui, de plus en plus utilisée en injection intratendineuse. 

Comment prévenir une tendinite ?

Afin de diminuer le risque de tendinite, il est important d’adopter une bonne posture, notamment au travail si vous :

  • êtes assis toute la journée ;
  • manipulez une souris (faire le choix de matériel ergonomique) ;
  • levez régulièrement les bras ;
  • êtes amené à vous baisser régulièrement.

"Bien positionner son membre supérieur au bureau", permet d’éviter bon nombre de tendinites indique notre expert.

Il est essentiel d’éviter les mouvements trop brusques. Un conseil également à mettre en pratique lors des entraînements sportifs.

"La prévention n’est pas toujours évidente, car il est difficile de connaître les limites de son corps, mais l’essentiel est de ne pas forcer pour ne pas affecter les tendons". 

Veiller à son alimentation

La santé, notamment celle des tendons passe par l’alimentation. Il est important de boire environ 2 litres d’eau par jour et d’éviter les boissons sucrées, l’alcool et la caféine. Il peut être intéressant de privilégier les aliments anti-inflammatoires (produits laitiers, fruits et légumes) et de limiter les produits trop gras ou riches en protéines, qui peuvent participer à la diminution du ph dans le sang et favoriser l’inflammation du tendon. 

Sites d’informations et associations

Institut français de chirurgie de la main

Institut de la main

Sos mains Trappes

Sources

Irbms

Vidal.fr