Définition : qu’est-ce qu’une aponévrosite plantaire ou fasciite plantaire ?

"La Fasciite plantaire et l'aponévrosite plantaire représentent la même entité sémiologique, c’est-à-dire la même pathologie : une inflammation de l’enveloppe du tendon sous l’arche du pied qu’on appelle aussi un fascia" précise le Docteur Olivier Capel, médecin du sport. Cette enveloppe fibreuse s’étend de la base des orteils au talon et a pour rôle de soutenir le pied et amortir les chocs lors de l’appui au sol et lors du déroulement du pied. Les personnes pratiquant la course à pied et les sports d’impulsion sont particulièrement concernées par cette affection.

Chiffres : quelle est la fréquence de l'aponévrosite plantaire  ?

Selon la littérature médicale, l’aponévrosite plantaire est la pathologie la plus fréquente à l’origine de talalgies(douleurs du talon). Les talalgies inférieures (situées à la face plantaire du calcanéum) sont le problème clinique le plus fréquent touchant le pied. Une personne sur dix sera touchée au cours de sa vie. Cette pathologie motive un nombre important de consultations chez le généraliste.

Quels sont ses symptômes de la fasciite plantaire ?

L’aponévrosite plantaire se caractérise par des douleurs à la base du talon, en particulier lors de la mise en charge, lors du lever matinal. Elles s'atténuent habituellement en 5 à 10 minutes pour ne revenir que plus tard dans la journée.

Ces douleurs sont souvent amplifiées lorsque le patient appuie fortement sur le talon (la phase propulsive de la marche) et après les périodes de repos. Une douleur aiguë et sévère du talon, éventuellement accompagnée d'une légère boursouflure locale, peut témoigner d'une déchirure fasciale aiguë. Ce dernier cas reste rare précise le spécialiste.

Certains patients rapportent une douleur transperçante et brûlante le long du bord médial (face interne) de la plante du pied lors de la marche.

Photo illustrant les zones de douleur les plus courantes dans la fasciite plantaire 

Quels sont ses symptômes de la fasciite plantaire ?© Creative Commons

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Aponévrosite plantaire : quelles sont ses causes ?

L’étiologie d’aponévrosite plantaire la plus fréquente comprend le raccourcissement ou la rétraction des muscles du mollet. Cela provoque un stress mécanique trop important sur l’aponévrose plantaire. Un tel raccourcissement peut être causé par un style de vie sédentaire, des professions nécessitant une position assise et le port chronique de chaussures à talons hauts par exemple.

Quels sont les facteurs de risque ?

Les facteurs favorisants les plus communément retrouvés sont la surcharge pondérale, la marche et/ou la station debout prolongée, et l’âge. L’aponévrosite plantaire touche plus volontiers les sujets de plus de 40 ans.

Un gain de poids important et rapide - comme lors d’une grossesse - constitue également un facteur favorisant de survenue.

Quelles sont les personnes à risque ?

Ce trouble est particulièrement présent chez les coureurs et les danseurs et peut survenir chez les personnes dont la profession les oblige à travailler debout ou à marcher sur des surfaces dures pendant des périodes prolongées. Au-delà de ces facteurs de risques, les patients souffrant d’obésité, de polyarthrite rhumatoïde, d’arthrites réactionnelles et d’arthrite psoriasique constituent aussi une population plus à risque.

Quelle est la durée de l'aponévrosite plantaire ?

L’évolution des aponévrosites plantaires est habituellement lentement favorable. On estime que plus de 90 à 95% des patients sont soit guéris, soit peu symptomatiques à un an. Il s’agit donc d’être très patient. Les spécialistes s’accordent à dire qu’en cas d’échec du traitement médical, une chirurgie peut se discuter. Toutefois, cette possibilité ne sera pas envisagée avant un an de persistance des symptômes.

La fasciite plantaire est-elle contagieuse ?

L’aponévrosite plantaire n’est pas une affection contagieuse.

Qui, quand consulter ?

Le diagnostic clinique peut être posé par le médecin traitant. Il est confirmé lorsqu’une forte pression du pouce sous le talon à l’arrière du pied en hyper-extension déclenche une douleur vive. Elle peut aussi parfois être ressentie au niveau du bord interne du pied. Une consultation chez un spécialiste rhumatologue ou un médecin du sport pourra ensuite être indiquée en fonction des cas.

Quelles sont les complications d’une aponévrosite plantaire ?

Le Docteur Olivier Capel, médecin du sport explique "Si un traitement adapté n'est pas mis en place, la marche et les appuis sur le talon deviennent de plus en plus douloureux, allant jusqu'à pouvoir faire boiter le patient qui tente de soulager son appui. Cela peut également générer des difficultés pour se chausser".

Quels sont les examens et analyses nécessaires en cas d’aponévrosite plantaire  ?

"Le diagnostic clinique pourra être confirmé par une échographie qui permet d’observer un éventuel épaississement et un aspect hypoéchogène (qui renvoie moins fortement les ultrasons que les structures environnantes) de l’aponévrose plantaire, voire des fissures" détaille le Docteur Olivier Capel.

Une radiographie n’est en général pas nécessaire, mais elle peut révéler la présence d’une épine calcanéenne, c’est-à-dire une excroissance calcifiée sous l’os du talon. Contrairement aux idées reçues, cette épine n’est pas responsable des douleurs, mais témoigne indirectement du surmenage chronique de la région de l’insertion de l’aponévrose plantaire qui s’est calcifié. L’épine calcanéenne est parfois déjà présente avant le déclenchement des symptômes de l’aponévrosite plantaire, et persiste après la guérison.

Enfin, d'autres tests, comme l’IRM, s'avèrent nécessaires si une rupture de l’aponévrose plantaire est suspectée.

Quels sont les traitements contre la douleur  ?

L’aponévrosite plantaire étant causée par des facteurs de stress mécanique, le traitement doit être adapté à la situation de chaque patient. Il consiste dans un premier temps à agir sur les facteurs favorisant le déclenchement :

  • Diminution de la marche ou de la station debout prolongée.
  • Modification de l’entraînement chez les sportifs en proposant des alternatives telles que le vélo ou la natation. "Les activités ne doivent pas impliquer l’impact du pied", précise le spécialiste.
  • Effectuer des pas plus courts.
  • Éviter de marcher pieds nus.
  • Perdre du poids pour les patients en surcharge pondérale.
  • Appliquer de la glace sur l’endroit endolori.
  • Un aspect primordial du traitement est l’enseignement au patient d’exercices journaliers de stretching et d’étirements de l’aponévrose plantaire.

En parallèle, la prescription de talonnettes amortissantes permet une diminution du stress mécanique dans la zone d’insertion de l’aponévrose plantaire.

Orthèses plantaires

"En cas de troubles statiques du pied (pied plat principalement), des orthèses plantaires adaptées (semelles sur mesures faites par podologue) – avec une couche amortissante sous le talon – peuvent être envisagées pour atténuer la tension aponévrotique et les symptômes", explique l'expert.

Traitement anti-inflammatoire

Les a nti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) soulagent de façon inconstante et transitoire les douleurs

Quels sont les autres traitements envisageables ?

Réponse du Docteur Olivier Capel, médecin du sport :

"Les ondes de choc extracorporelles sont quant à elles fréquemment prescrites, il faut différencier les ondes de chocs FOCALES (2 à 3 séances), plutôt efficaces, des ondes de chocs RADIALES (10 à 20 séances) dont les résultats restent variables.

En deuxième intention, des infiltrations de cortisone peuvent être efficaces à condition qu’une diminution durable de la source mécanique soit associée.

De même très rarement des infiltrations de PRP (Plasma Riche en Plaquette), après prélèvement du sang du patient, centrifugation et réinjection dans la zone inflammatoire peuvent être aussi envisagés mais cela reste un geste thérapeutique plus douloureux et pas entièrement pris en  charge par l’Assurance maladie et les mutuelles de santé.

Des séances de kinésithérapie permettent de pratiquer des étirements et diminuer l’intensité des douleurs.

Enfin et encore plus rarement, une immobilisation plâtrée durant 3 à 4 semaines peut être proposée en cas de rupture importante"

Traitement chirurgical

Ce n’est qu’en cas d’inefficacité de toutes ces mesures qu’une intervention chirurgicale peut s’imposer. Elle permet notamment de soulager, en partie, la pression sur l’aponévrose et de procéder à une éventuelle ablation de l’épine calcanéenne lorsqu’elle semble contribuer aux douleurs.

Prévention : peut-on éviter l'aponévrosite plantaire ?

Prévenir l’aponévrosite plantaire ou en éviter les récidives, passe par quelques conseils de bonnes pratiques sportives :

  • Cesser toutes activités génératrices de douleurs
  • Effectuer correctement et régulièrement des étirements après chaque activité sportive
  • Éviter toute surcharge pondérale
  • Remplacer régulièrement les chaussures de sport qui doivent être adaptées à l’activité pratiquée
  • "Porter de semelles sur mesures confectionner par un podologue, surtout en cas de pieds plats et pour éviter les récidives" ajoute le spécialiste.

Sites d'information et associations

Site de l'Association Française de Chiropraxie

Site de l'Association Française de Chirurgie du Pied et de la Cheville

Sources

Traitement de l'aponévrosite plantaire par infiltration de corticostéroïdes

Revue Medicale Suisse : Tatalgies (aponévrosite plantaire):comment les prendre en charge ? 

Fiche d'information patient de l'Association Française de Chirurgie du Pied et de la Cheville