Déclin cognitif : être victime d'une crise cardiaque augmente le risqueAdobe Stock
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Avec l’âge, le corps perd de ses capacités. C’est également le cas de notre cerveau, dont certaines fonctions sont altérées en vieillissant. Ainsi, cet organe fonctionne moins vite et perd de nombreuses performances cognitives telles que la mémoire ou la compréhension. Ce phénomène porte le nom de déclin cognitif. L'Inserm estime son apparition aux alentours de 45 ans.

Le déclin cognitif est souvent associé à tort à la démence. Or, si le premier est un phénomène naturel, le second est une pathologie neurologique. Toutefois, de nombreux facteurs similaires à ceux de la démence peuvent augmenter le risque de déclin cognitif.

Déclin cognitif : quels sont les facteurs de risques ?

Tout comme pour la démence, les facteurs augmentant le risque de déclin cognitif sont :

  • l’hypertension artérielle ;
  • l’hyperglycémie (diabète) ;
  • la surcharge pondérale ou obésité ;
  • le tabagisme ;
  • la consommation excessive d’alcool ;
  • la sédentarité ;
  • l’isolement social ;
  • ou encore une alimentation trop grasse et riche en produits transformés.

Selon les chercheurs de l’Université Johns Hopkins dans le Maryland et l’Université du Michigan (Etats-Unis), des troubles cardiaques pourraient également favoriser le vieillissement cérébral. En effet, les personnes ayant déjà été sujettes à une crise cardiaque, aussi appelé infarctus du myocarde, auraient un déclin cognitif plus rapide que les autres. Leurs résultats ont été publiés le 30 mai 2023 dans la revue JAMA Neurology.

L’infarctus du myocarde n’a pas eu d’incidence immédiate sur la cognition

Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont analysé les données de six études menées sur les maladies cardiaques et la cognition entre 1971 et 2019 aux Etats-Unis. Parmi les 30 465 participants de ces travaux, aucun ne souffrait de démence ou n’avait subi de crise cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral (AVC) au début de l’étude. La durée médiane de suivi des individus était de 6,4 ans. Pendant la durée de la recherche, plus de 1 000 volontaires ont eu un infarctus aigu du myocarde ou une crise cardiaque.

Toutefois, aucun changement n’a été visible immédiatement au niveau de leur cognition. "L'augmentation du taux annuel de déclin pour les personnes qui ont eu des crises cardiaques était faible", partagent les chercheurs. Ainsi, il faut attendre plusieurs années pour voir les effets de la crise cardiaque sur les fonctions cérébrales.

La crise cardiaque impacte la santé cérébrale à long terme

Si dans l’immédiat la crise cardiaque n’a eu aucun effet, les chercheurs ont observé une différence sur le long terme. Ainsi, les six années suivant les accidents cardiovasculaires, les scores cognitifs des personnes touchées se sont accélérés, montrant une précipitation du déclin cognitif. Ce dernier était beaucoup plus rapide que celui des personnes n’ayant eu aucune crise cardiaque. De plus, les personnes blanches et les femmes étaient les plus impactées par ce déclin cognitif.

"Après l’infarctus du myocarde, le taux annuel de déclin s'est accéléré, étant plus rapide que chez le même individu avant infarctus, et plus rapide aussi que chez les individus qui n'en ont jamais eu", expliquent les chercheurs dans un communiqué. Ainsi, l’effet sur la santé cérébrale s’est fait ressentir sur le long terme, mais les causes ne sont pas encore bien connues des chercheurs.

Déclin cognitif : l’importance de la prévention de l’infarctus du myocarde

Au terme de l'étude, les scientifiques ont totalement évincés l'accident vasculaire cérébral (AVC) des potentiels facteurs de risques de déclin cognitif. La crise cardiaque serait donc la seule à impacter le fonctionnement cérébral. Selon les hypothèses des scientifiques, l’impact de la crise cardiaque sur le déclin cognitif pourrait être lié aux effets qui peuvent découler de cet accident cardiaque. On peut notamment évoquer la dépression, l’inflammation chronique ou encore les anomalies de la pression artérielle qui sont des conséquences de la crise cardiaque qui peuvent aussi favoriser le déclin cognitif.

Toutefois, si les raisons ne sont pas encore totalement claires, le lien entre crise cardiaque et déclin cognitif paraît évident pour les chercheurs. Ils expliquent : "cette étude a révélé que l’infarctus du myocarde n'était pas associé à une diminution de la cognition globale, de la mémoire ou de la fonction exécutive au moment de l'événement, mais était associé à des déclins plus rapides de la cognition globale, la mémoire et la fonction exécutive au fil du temps".

Ainsi, pour maintenir un cerveau en bonne santé, les chercheurs insistent sur l’importance de prendre en compte les problèmes cardiaques."Ces résultats suggèrent que la prévention de l'infarctus du myocarde peut être importante pour la santé cérébrale à long terme", concluent les chercheurs.

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