Définition : qu’est-ce que la maladie (chorée) de Huntington ?

La maladie de Huntington est une pathologie neurodégénérative qui touche le système nerveux central. Cette maladie génétique rare débute généralement à l’âge adulte entre 30 et 50 ans (bien qu’il y ait des formes plus précoces ou plus tardives).

La maladie se manifeste par des troubles moteurs, cognitifs et psychiatriques. Le symptôme le plus caractéristique reste les mouvements involontaires qu’elle provoque, nous parlons de la  "chorée" : c’est d’ailleurs pourquoi la pathologie porte le nom de maladie "chorée" de Huntington. George Huntington, médecin généraliste américain du 19 siècle, fut l’un des premiers à décrire les symptômes de cette pathologie qui portera ensuite son nom.

La maladie de Huntington reste encore incurable. Elle se solde par une altération profonde et sévères des capacités physiques et intellectuelles. La personne atteinte perd peu à peu son autonomie. Les traitements actuels permettent toutefois de limiter les signes de la maladie et de prolonger la durée de vie des patients.

À un stade avancé, le malade peut être complètement pris en charge en milieu hospitalier ou médicalisé. Le décès survient en moyenne 20 ans après les premiers symptômes.

Chiffres : quelle est la fréquence de la maladie de Huntington ?

La maladie de Huntington est une maladie rare : selon l’Inserm, en France environ 18 000 personnes seraient touchées : 6000 présenteraient déjà des symptômes et 12 000 seraient encore asymptomatiques (1). En Europe, la prévalence de la maladie reste stable avec environ 5 à 7 cas pour 100 000 individus (2).

La maladie est présente partout dans le monde, bien que des études démontrent sa prédominance occidentale (par rapport aux pays asiatiques notamment (3).

D'où vient la maladie de Huntington ?

En 1981, les chercheurs ont identifié le Venezuela comme l’un des berceaux de la maladie : la plus grande famille atteinte y serait touchée depuis près de 200 ans (4). Une grande famille a aussi été localisée en Tasmanie, elle est étudiée depuis 1990 (5).

Quels sont les symptômes de la maladie de Huntington ?

Les symptômes de la maladie débutent généralement entre 30 et 50 ans. Au départ, ils sont plus ou moins invalidants, mais vont toujours en s’intensifiant. Les symptômes sont d’ordre moteur, cognitifs, psychiatriques et physiques. Le plus caractéristique d’entre eux reste la "chorée". Elle est définie par la World Federation of Neurology comme une "succession de mouvements spontanés excessifs, abrupts, imprévisibles et irréguliers".

Environ 90% des patients présentent ce signe clinique et plus de la moitié n’en est pas consciente. "Au début de la maladie cette gestuelle est souvent interprétée comme de la nervosité ou encore des tics. À noter que la chorée peut être aggravée par les émotions comme le stress", souligne le docteur Georges Retali, neurologue au CHU de Bastia. Elle est absente pendant le sommeil. À un stade plus avancé, la chorée gagne tout le corps.

Quels sont les symptômes de la maladie de Huntington ?

À noter que  l’atteinte neurologique des patients est évaluée à l’aide de l’échelle UHDRS (Unified Huntington Disease rating Scale), une référence internationale qui évalue l’état fonctionnel des patients.

Quelles sont les causes de la maladie de Huntington ?

Une maladie génétique héréditaire

La maladie de Huntington est une maladie génétique et héréditaire. Le gène concerné est appelé gène HD et se situe sur le chromosome 4p16.3. Son rôle est de coder une protéine appelée Huntingtine qui régule diverses fonctions cellulaires.

"La maladie est de transmission autosomique dominante : cela signifie qu’il suffit que l’individu soit porteur de la version (allèle) malade du gène pour transmettre cette dernière à ses descendants", selon le docteur Georges Retali, neurologue. Ainsi, la probabilité pour qu’une personne atteinte transmette l’allèle du gène défectueux est de 50% à chaque conception : donc si le parent est malade, son enfant a 50% de l’être à son tour.

En revanche, une personne qui ne porte pas cet allèle défectueux n’a aucun risque de transmettre la maladie à ses héritiers même si l’un de ses parents est atteint : la maladie ne peut pas "sauter" une génération.

Une anomalie sur le gène HD

L’anomalie responsable de la maladie est un nombre excessif de codons CAG  sur le gène HD. Rappelons qu’un codon est un ensemble de trois nucléotides (ou triplet de nucléotides), en l’occurrence : C, A et G. L’expression des gènes codant des protéines dépend de leur constitution de départ. Toute anomalie du nombre de codons sur un gène a des répercussions sur une protéine nécessaire au fonctionnement de l’organisme.

Chez l’individu sain, le codon CAG se répète 20 fois alors que chez un individu malade, la répétition est supérieure à 40 : nous parlons alors de "pénétrance complète". En réalité, plus l’extension de ce nombre de codons est élevée et plus la maladie est susceptible de s’exprimer fortement et précocement. Ainsi, une personne dont les répétitions sont supérieures à 60 aura tendance à développer la maladie très tôt (moins de 20 ans). Dans les formes juvéniles, les répétitions peuvent atteindre 100.

Des mécanismes non élucidés

La maladie provoque une dégénérescence des neurones au niveau du striatum*. Ces anomalies résultent de la mutation de la protéine Huntington (résultant elle-même de l’altération du gène HD). Toutefois, les mécanismes qui mènent à cette dégénérescence, restent mystérieux :

  • Pour certains scientifiques, c’est la protéine huntingtine "mutée" qui entrainerait la mort des neurones.
  • Pour d’autres, l’absence de la protéine dans sa version saine empêcherait un fonctionnement neuronal normal.

*À noter que le striatum est une partie centrale du cerveau essentiellement responsable de la planification et du contrôle des mouvements. Il intervient aussi dans de nombreux processus cognitifs (c’est-à-dire relatifs à la pensée).

Quels sont les facteurs de risque de la maladie de Huntington ?

Le seul facteur de risque est d’avoir un parent (père ou mère) porteur de l’allèle ‘morbide’ du gène HD. La maladie est prévisible uniquement si l’un des parents de premier degré est malade (père, mère, frères/sœurs).

Quelles sont les personnes à risque de la maladie de Huntington ?

Les personnes à risques de la maladie de Huntington sont celles dont l’un des parents (père ou mère) est porteur de l’allèle ‘morbide’ du gène HD. "La maladie est prévisible si l’un des parents de premier degré est malade (père, mère, frères/sœurs)", explique le praticien.

La maladie débute généralement chez l’adulte entre 30 et 50 ans (bien qu’elle puisse se déclencher à tout âge). Toutefois, moins de 10% des cas débutent avant l’âge de 20 ans (1). Les hommes et femmes sont touchés de la même façon. Les populations caucasiennes sont les plus à risques.

Quelle est la durée de la maladie de Huntington ?

La maladie de Huntington est une maladie dégénérative qui dure toute la vie à partir de son déclenchement, les signes cliniques s’intensifient et l’état du patient se détériore. La durée moyenne de vie des patients après le déclenchement de la maladie est en moyenne de 15 à 20 ans.

La maladie de Huntington est-elle contagieuse ?

La maladie de Huntington n’est pas contagieuse. C’est une maladie génétique héréditaire.

Maladie de Huntington : qui et quand consulter ? 

En cas de symptômes évocateurs ou si vous avez quelques doutes (notamment si l’un de vos parents est malade) vous pouvez consulter un neurologue, de préférence un spécialiste de la maladie de Huntington, afin d’effectuer un test de diagnostic.

Quelles sont les complications de la maladie de Huntington ? 

Les principales complications résultent de l’affaiblissement de la gestion de l’organisme par le cerveau. Les troubles cliniques qui en résultent peuvent parfois engendrer le décès : "fausses routes", troubles infectieux (pneumopathies par exemple), troubles cardiovasculaires et respiratoires…

Comment évolue la maladie ?

Selon une classification établie par le Dr. Ira Shoulson, la progression de la MH peut être caractérisée par une approche en cinq stades :

  • Stade précoce : la personne fonctionne normalement.
  • Stade intermédiaire précoce : la personne est apte au travail et aux tâches quotidiennes, mais avec une capacité amoindrie.
  • Stade intermédiaire avancé : la personne ne peut plus travailler ni assumer seule les responsabilités administratives et domestiques. Une aide mineure est nécessaire.
  • Stade pré-avancé : La personne doit être assistée pour la plupart des gestes quotidiens, mais a encore la capacité de vivre chez elle.
  • Stade avancé : La personne doit être totalement prise en charge de préférence en milieu médicalisé ou hospitalier.

Quels sont les examens et analyses de la maladie de Huntington ?

En cas de symptômes évocateurs, le diagnostic (effectué par un neurologue) repose sur un examen clinique et un test génétique.

En cas d’antécédents familiaux, même en l’absence de symptôme, votre neurologue décidera s’il est opportun d’effectuer un test génétique.

Avant de faire les tests, vérifiez auprès de votre assurance maladie et de votre mutuelle si vos contrats comportent la prise en charge de tests pré-symptomatiques.

En quoi consiste le test génétique ?

Ce test consiste en un examen sanguin effectué dans un centre hospitalier spécialisé en génétique. Il permet de déterminer si une personne est porteuse de l’allèle "morbide" du gène HD, même à un stade asymptomatique. Si le test est positif, la personne saura qu’elle est à risque de développer des signes cliniques dans les mois/années à venir. Les résultats sont délivrés 2 à 8 semaines plus tard.

Comment est effectué le test ?

Le test génétique est un test ADN qui détermine la longueur de la répétition de CAG sur le gène HD. Avec plus de 40 répétitions le gène est sans équivoque anormal et l’individu doit s’attendre à des manifestations cliniques probables.

Attention toutefois, si ce test peut dire si vous êtes porteur de la mutation, il n'a pas la capacité de vous dévoiler quand la maladie commencera à se développer.

Quels sont les traitements de la maladie de Huntington ?

Peut-on guérir de la maladie de Huntington ?

Malheureusement, il n’existe actuellement aucun traitement pour traiter les causes de la maladie. Toutefois, la recherche en cours pour comprendre la maladie et ralentir sa progression est prometteuse.

Quels sont les traitements prescrits ?

Les traitements utilisés permettent uniquement de contrôler les symptômes.

  • Les traitements non-médicamenteux : tout un arsenal peut être mis en place : psychothérapie, kinésithérapie, thérapie respiratoire, orthophonie, thérapies cognitives.
  • Des traitements médicamenteux : il existe plusieurs médicaments spécifiques :
    • les neuroleptiques peuvent traiter les états psychotiques, mais aussi et surtout la chorée ;
    • les anxiolytiques permettent de traiter l’anxiété ;
    • les antidépresseurs permettent de traiter la dépression ;
    • les hypnotiques permettent de traiter les troubles du sommeil.

Y a-t-il un régime alimentaire spécifique ?

Un régime alimentaire riche en oligo-éléments et en protéines permet de pallier la perte de masse musculaire. Dans les phases avancées, une perte de poids importante exige d’adopter un régime hypercalorique.

Comment prévenir la maladie de Huntington ?

Il n’est pas possible d’empêcher l’apparition de la maladie si les anomalies génétiques sont présentes", d'après l'expert. Toutefois, il est possible de prévoir son apparition grâce au test génétique.

Maladie de Huntington : quand faire le test ?

Réponse du Dr Georges Retali, neurologue au CHU de Bastia : "faire ce test à un stade pré-symptomatique est une décision personnelle. "Pour certaines personnes, le doute est insupportable. En revanche, pour d’autres, le fait de savoir qu’elles développeront une maladie incurable est encore pire", pour le spécialiste. 

Maladie de Huntington : sites d’information et associations

Sources

Entretien avec le Docteur Georges Retali, neurologue au CHU de Bastia Corse.

"Question fréquente sur la MH", EHDN (copier coller le lien du pdf : https://huntington.fr/wp/wp-content/uploads/2018/01/QUESTIONS-brochure-faqs-fr-EHDN-2009.pdf)

Chorée de Huntington, Hector A. Gonzalez-Usigli , mds manuals, 2019

(1)  Maladie de Huntington, Inserm, Dossier réalisé en collaboration avec Anne-Catherine Bachoud-Levi, directrice de l’équipe Neuropsychologie interventionnelle (unité Inserm 955) et responsable du Centre national de référence maladie de Huntington à l’hôpital Henri-Mondor, Créteil.

(2)  Francis O. Walker, « Seminar on Huntington’s Disease », The Lancet, vol. 369, 20 janvier 2007 (copier coller le lien du pdf : https://dingdingdong.org/wp-content/uploads/HD-review-2007-Lancet.pdf)

(3)  Maladie de Huntington en chinois: une hypothèse sur son origine CM Leung 

(4)  Huntington's Disease in Venezuela: 7 Years of Follow-up on Symptomatic and Asymptomatic Individuals 'John B. Penney, Jr. (pdf en ligne : https://deepblue.lib.umich.edu/bitstream/handle/2027.42/50397/870050202_ftp.pdf?sequence=1&isAllowed=y)

(5)  « La grande famille de la maladie de Huntington en Tasmanie », SA pridmore and al., 1990 

 

 

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