Définition : qu’est-ce que la scoliose ?

Très fréquente, la scoliose est une déformation permanente et tridimensionnelle de la colonne vertébrale. « Elle se met à tourner sur elle-même », image le Pr Jérôme Allain, chirurgien-orthopédiste spécialisé dans la chirurgie de la colonne à l’Institut Parisien du Dos.

Généralement indolore, la rotation des vertèbres entraîne une déformation du thorax, car les côtes tournent avec les vertèbres avec lesquelles elles sont articulées. « L’équilibre sagittal (positionnement de profil de la tête alignée au-dessus des talons en position debout avec des courbures harmonieuses) est un des éléments pronostics majeurs à surveiller en cas de scoliose », ajoute le spécialiste.

Dans la majorité des cas, cette déviation apparaît à l’âge de la puberté principalement chez les adolescentes. Étant évolutive, elle tend à s’aggraver au cours de la croissance et peut occasionner de fortes douleurs à l’âge adulte.  

Les différents types de scolioses

Il existe différents types de scolioses. La plus courante est la forme idiopathique, appelée aussi primitive. Elle représente 85 % des cas.

Les 15 % restants concernent des scolioses secondaires. Il peut s’agir d’une scoliose :   

  • congénitale (malformation de naissance) ;
  • syndromique, d’origine neurologique avec contractions musculaires anormales ;
  • d’origine tumorale souvent bénigne ;
  • arthrosique ; due à une dégénérescence du rachis survenant avec l’âge.

Cette déformation de la colonne vertébrale est-elle fréquente ?

La scoliose idiopathique est très répandue. « Elle concerne 1 à 2 % des individus », précise le Pr Jérôme Allain.  

Quels sont les symptômes de la scoliose ?

À l’adolescence, la scoliose idiopathique est généralement indolore. Lorsque ce n’est pas le cas, il s’agit souvent d’une scoliose secondaire.

Les symptômes classiques sont :  

  • l’existence d’une gibbosité (bosse de la paroi thoracique postérieure, formée par l’arc postérieur des côtes) ;
  • une asymétrie dans la posture du tronc au-dessus du bassin.

Cette déformation, parfois jugée inesthétique, peut également occasionner des troubles psychologiques.

Quelle est l’évolution de cette pathologie ?

L’évolution de la scoliose est propre à chaque patient et à chaque tranche d’âge.  

  • À l’adolescence : étant corrélée à la croissance, la scoliose évolue principalement pendant la poussée pubertaire. « Cependant, l’évolution de la scoliose varie d’un individu à l’autre », indique le Pr Jérôme Allain.

Photo : différentes déformations rachidiennes, avec un angle de 40°

Quelle est l’évolution de cette pathologie ?© Creative Commons

Auteur : Weiss HR, Goodall D - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.en

  • Entre 20 et 40 ans : durant cette période, la scoliose n’évolue quasiment plus. 
  • À partir de 40 ans, et surtout de la ménopause : avec l’âge, la scoliose peut parfois s’aggraver à nouveau. « Durant la ménopause, la diminution de la qualité musculaire et la possible prise de poids sont des facteurs potentiellement aggravants », explicite le spécialiste. En l’absence de prise en charge, la courbure risque d’augmenter en moyenne d’environ par an.

Quelles en sont ses causes ?

La scoliose la plus courante est idiopathique – c’est-à-dire de cause inconnue. « Mais, la scoliose n’est pas causée par une mauvaise posture ou le port d’un cartable lourd », rappelle le chirurgien-orthopédiste.  

Les causes des scolioses secondaires sont, elles, connues :

  • La scoliose congénitale est due à la malformation d’une vertèbre. « Cette anomalie provoque la rotation des vertèbres adjacentes, qui entraîne avec elle une partie de la colonne », explicite le docteur.
  • La scoliose d’origine tumorale est la conséquence de la présence d’une tumeur, souvent bénigne, dans un organe de croissance.
  • La scoliose d’origine neurologique est souvent causée par une maladie neuromusculaire (neurofibromatose de type 2, maladie de Marfan, etc.).

Quels sont les facteurs de risques de cette maladie ?

Il n’existe pas de facteur de risque connu.

Quelles sont les personnes les plus souvent affectées par la scoliose ?

Les personnes les plus souvent affectées par la scoliose primaire sont les adolescentes. Elles représentent environ 90 % des cas.

Combien de temps dure-t-elle ?

La scoliose idiopathique commence à la puberté. Si le traitement peut aider à réduire la déviation, le redressement rachidien est souvent incomplet. Une déformation d’intensité variable demeure donc, généralement, à vie.

La scoliose est-elle contagieuse ?

La scoliose ne peut pas se transmettre d’un individu à l’autre.

Qui, quand consulter ?

En cas de doute, il est possible de procéder à un premier examen à la maison.

Qu’est-ce que le test d’Adam ?

La réponse du Pr Jérôme Allain :

« Demandez à votre enfant, en position debout, de plier son thorax vers l’avant à angle droit au-dessus d’une table. Si vous détectez une asymétrie droite/gauche de la paroi thoracique postérieure constituée des côtes (l’une bombe alors que le relief de l’autre s’efface), vous pouvez l’emmener voir votre médecin traitant ou votre pédiatre. » 

Si besoin, le médecin orientera alors le patient vers un orthopédiste.

La prise en charge de la scoliose étant complexe, d’autres corps de métiers peuvent être impliqués. Il peut s’agir de :

  • un médecin-rééducateur ;
  • un masseur-kinésithérapeute, formé spécifiquement à la prise en charge des scolioses. « C’est le médecin qui prescrit le type de rééducation et qui en surveille les résultats pour y adapter le protocole », précise le Pr Jérôme Allain ;
  • un radiologue, pour surveiller l’évolution de la déformation ;
  • un orthoprothésiste, qui participe à la fabrication du corset.

Quelles sont complications possibles ?

Si la scoliose est traitée, les complications peuvent être évitées. Pour autant, cette pathologie peut occasionner :  

  • Une perte de la capacité respiratoire, occasionnée par de graves scolioses primitives non-traitées ou certaines scolioses secondaires. « C’est extrêmement rare en Europe », révèle l’expert.
  • Des complications neurologiques ; liées à une compression ou une élongation des structures nerveuses (moelle épinière et racines nerveuses) corrélée à la déformation rachidienne. Il s’agit de cas exceptionnels dans les pays où la scoliose est traitée.
  • Un handicap fonctionnel : passé cinquante ans, le vieillissement anormal des disques génère parfois des maux de dos ou des névralgies sciatiques. La rotation des vertèbres peut également pousser le tronc en avant sur le bassin. Lorsque le patient est debout, cela engendre une grande dépense musculaire ainsi qu’une position compensatrice source de fatigue. « L’accumulation de ces phénomènes aboutit au fait que certains patients se plaignent de difficultés à se tenir debout ou à marcher », ajoute le médecin.

Quels sont les examens et analyses à faire ?

Lors du diagnostic d’une scoliose, plusieurs tests sont effectués :  

  • Un examen clinique : le praticien cherche tout d’abord à observer l’importance de la gibbosité. Il s’intéresse ensuite à l’équilibre du rachis ou encore à l’inégalité éventuelle de longueur des membres inférieurs. Un examen neurologique, la recherche de malformations ou de tâches cutanées pouvant témoigner d’une neurofibromatose peuvent également être effectués.
  • Un bilan radiographique : une fois le diagnostic posé, le médecin peut prescrire un test d’imagerie EOS. Afin d’analyser les courbures tout en prenant en compte le poids qui pèse sur la colonne, cet examen se fait debout.

Les scolioses idiopathiques étant extrêmement rares chez les garçons, elles entraînent presque automatiquement des examens complémentaires, afin d’en rechercher la cause. 

Quels sont les traitements de la scoliose ?

Plusieurs options thérapeutiques existent pour traiter la scoliose. Il peut s’agir :

  • d’une simple surveillance annuelle ou biannuelle, associée à des règles strictes d’hygiène de vie ;
  • d’un traitement orthopédique (port d'un corset, associé à de la kinésithérapie) ;
  • d’une intervention chirurgicale.

Le risque d’aggravation de la déformation des scolioses idiopathiques étant lié au potentiel de croissance, l’équipe médicale peut choisir de ne pas intervenir si l’adolescent est en fin de poussée pubertaire.  

Quels critères permettent d’arrêter le choix thérapeutique ?  

La réponse du Dr Jérôme Allain :  

« Le choix thérapeutique varie en fonction de nombreux critères. Les deux facteurs essentiels sont le profil sagittal du rachis et la vitesse d’évolution de la déformation. En fonction de la manière dont le patient réagit au traitement, ce dernier peut aussi évoluer dans le temps »

Traitement orthopédique : le port d’un corset

Le port d’un corset permet d’imposer une contrainte opposée à la courbure du rachis pendant la croissance. Cela permet de corriger ou, au minimum, de stabiliser la déformation. De différents types, les corsets doivent s’adapter à chaque patient et varient au cours du temps.

Le port de cet appareil médical est préconisé pendant trois ans en moyenne. « Au début du traitement, il est parfois nécessaire de le porter de jour comme de nuit », ajoute le Pr Jérôme Allain. Lorsque la scoliose se stabilise, le praticien peut proposer le port d’un corset moins contraignant.

Traitement chirurgical de la scoliose

Le traitement chirurgical a pour objectif de redresser le rachis. Afin de limiter les risques de complications, le chirurgien ne vise pas obligatoirement à obtenir une colonne parfaitement droite. « Il cherche avant tout à restaurer de bonnes courbures de profil, et que le rachis soit équilibré de face », précise le médecin.

S’il ne faut pas se focaliser sur l’angle de scoliose (angle de Cobb), l’intérêt de la chirurgie est systématiquement discuté avec les patients dont la courbure est trop importante et risque de continuer à s’aggraver. « En particulier si elle dépasse les 45° », indique le chirurgien-orthopédiste.

Photo : radiographie d'un cas de scoliose idiopathique chez l'adolescent, avant chirurgie

Traitement chirurgical de la scoliose© Creative Commons

Auteur : Silverjonny - Licence : domaine public - Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Wiki_post-op.jpg

L’intervention occasionne environ une semaine d’hospitalisation, avec parfois une phase initiale d’alitement postopératoire de plus en plus rare. Le patient passe ensuite plusieurs semaines en Centre de Rééducation. En général, il peut reprendre une vie familiale au bout d’un mois. « Malgré cela, il ne retourne pas tout de suite à l’école. Une opération de la scoliose, c’est souvent une année scolaire de perdue », explique le Pr Jérôme Allain.  

Opération : la chirurgie de la scoliose

L’opération de la scoliose la plus courante est l'arthrodèse vertébrale, systématiquement associée à la réduction chirurgicale de la déformation. Une fois la déformation corrigée, l’intervention consiste à faire fusionner les vertèbres dorsales et lombaires (parfois le sacrum) responsables de la déformation en bloquant les articulations qui les lient.

À l’aide de vis et de longues tiges suivant la colonne vertébrale, le chirurgien impose aux vertèbres un mouvement de rotation inverse. L’os est ensuite chirurgicalement abrasé afin d’entraîner la production de matière osseuse. Ce geste permet aux vertèbres de se solidariser définitivement en six à 12 mois en moyenne.

Photo : radiographie d'un cas de scoliose idiopathique chez l'adolescent, après chirurgie

Opération : la chirurgie de la scoliose© Creative Commons

Auteur : Silverjonny - Licence : domaine public - Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Wiki_pre-op.jpg

Cette opération chirurgicale comporte des risques. « Notamment neurologiques, hémorragiques, généraux, mécaniques et infectieux », prévient le spécialiste.

Kinésithérapie et rééducation fonctionnelle : quels exercices faire et quels mouvements éviter ?

En cas de scoliose, une prise en charge kinésithérapeutique est régulièrement prescrite. Faisant partie intégrante du traitement orthopédique, cette pratique peut permettre de ralentir l’évolution de la scoliose.

Pratiqués de manière régulière, les exercices visent à améliorer : 

  • l’amplitude du mouvement de la cage thoracique (afin de conserver une bonne capacité respiratoire, parfois perturbée en cas de scoliose) ;
  • la mobilité et le maintien du rachis ; 
  • la tonicité des muscles ; 
  • la position du bassin (afin de lutter contre la rétraction des muscles ischio-jambiers et de corriger une inégalité de longueur des jambes).

En fonction du patient, les exercices conseillés ne seront pas les mêmes. Pour autant, aucun mouvement n’est systématiquement interdit.

Vivre avec une scoliose

Afin de ralentir l’évolution de la scoliose et de limiter les risques de complications, il est nécessaire de prendre quelques bonnes habitudes :

  • Avoir une alimentation saine ; afin d’éviter une prise de poids, cause de surcharge sur la colonne vertébrale. 
  • Ne pas fumer. « La cigarette déshydrate les disques lombaires et dorsaux, accélérant le vieillissement du rachis  », explique le Pr Jérôme Allain.
  • Pratiquer une activité physique régulière.

Scoliose et sport : sports interdits, autorisés, lesquels choisir ?

Une pratique sportive régulière participe à la prise en charge de la scoliose. « Une bonne musculature du tronc (spinaux, abdominaux, psoas, dorsaux…) peut empêcher les vertèbres de partir dans tous les sens », affirme le docteur.

Toute activité physique est fortement encouragée. Pour autant, certains sports sont particulièrement conseillés. Il s’agit notamment :

  • du Pilates ; 
  • de la natation ; 
  • du sport en salle (fitness) ; 
  • du cyclisme (vélo). 

Est-il possible de prévenir la scoliose ?

À l’heure actuelle, il n’est pas possible de prévenir l’apparition d’une scoliose.

Sites d’informations et associations 

Scoliose & partage –  Espace d’échange autour de la scoliose

Sources

Guide sur la scoliose, Haute Autorité de la Santé, février 2008. 

Déformations rachidiennes - scoliose, Institut Parisien du Dos, 18 avril 2019.