Qu’est-ce que la candidose ?

La candidose, parfois appelée mycose, est une infection causée par un champignon levuriforme : candida albicans. "Cette levure est naturellement constitutive de la flore de nos muqueuses. Elle n’a rien de pathologique. Toutefois, il arrive que lors d’un déséquilibre hormonal ou immunitaire, la bactérie prolifère. Des symptômes sont alors présents et c’est à ce moment-là que nous pouvons parler de véritable maladie", explique le docteur Marc Perrussel, dermatologue et vénérologue. Par ailleurs, lorsque "ce champignon se développe sur la peau : ce n’est pas normal et les symptômes se font sentir", selon le spécialiste.

Nous distinguons trois types de candidoses :

  • la candidose cutanée : elle se localise au niveau des plis de la peau (aisselles, plis mammaires…) ;
  • la candidose intestinale : "qui peut proliférer à n’importe quel endroit du tube digestif : de la bouche (candidose buccale) à l’anus", d’après le dermatologue ;
  • la candidose génitale : apparition de ce qu’on appelle communément la "mycose".

La grossesse, la prise d’antibiotiques, le diabète et un déficit immunitaire sont des facteurs de risque de la maladie.

Les candidoses systémiques sont rares mais graves : le champignon colonise un ou plusieurs organes internes (voire l’intégralité de l’organisme). Cette pathologie intervient au cours d’une baisse d’immunité (VIH, prise de traitements immunosuppresseurs, chimiothérapie, maladie nosocomiale lors d’une réanimation…). Le risque de décès est élevé avoisinant les 40%1.

Le traitement de la candidose consiste en la prise d’un antifongique par voie locale ou générale dans les formes résistantes ou récidivantes.

Mycose : quelle est sa fréquence ?

La candidose est une affection fréquente, surtout chez la femme. En effet, la mycose vaginale est le premier motif de consultation en gynécologie en France comme à l'étranger. Cette maladie concerne 10 à 20 % des femmes en période d'activité sexuelle. Toutefois, certains les différencient des MST 2. On considère que 75% des femmes sont un jour confrontées à une mycose au moins une fois dans leur vie2. "Les candidoses buccales et cutanées affectent souvent les nouveaux nés et les personnes sous antibiotiques", selon le Docteur Perrussel. Toutefois, les candidoses buccales et intestinales spontanées doivent faire rechercher une immunodépression surtout si elles sont récurrentes. L’incidence des candidoses systémiques reste faible : elle a cependant augmenté en France au cours des dix dernières années 1

Quels sont les symptômes d'une infection à candida albicans ?

Les symptômes de la mycose vaginale

Dans le cas d’une infection vaginale, un liquide blanc indolore et parfois malodorant s’écoule. Les relations sexuelles et les mictions accentuent la sensation de douleur et de brûlure. La patiente peut être fortement dérangée par le besoin intempestif de se gratter. L’inconfort la pousse souvent à consulter.

Les symptômes de la candidose cutanée

Concernant les infections cutanées (plis des seins, aisselles…), il s’agit généralement de plaques rouges qui démangent. Les lésions sont parfois croûteuses.

Les symptômes de la mycose des ongles

Si la mycose affecte les ongles, les doigts peuvent gonfler et les ongles peuvent même se décoller. 

Image : une mycose de l'ongle 

Les symptômes de la mycose des ongles© Creative Commons

©CC- wikimédia- User:Lionel Allorge/A trier- https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Mycose_de_l%27ongle_du_gros_orteil_gauche_-_2.jpg- Licence : https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

Les symptômes du muguet buccal

Le muguet buccal provoque la création de dépôts blancs autour des lèvres, sur la langue ou sur le palais. Il suffit de gratter ces dépôts pour qu’ils se décollent. Le muguet apparaît souvent chez le nourrisson (entre la naissance et le second mois). Il touche aussi l’enfant souvent à la suite d’une infection ou de la prise d’antibiotiques.

Chez l’adulte, la survenue d’une mycose buccale est plus rare, le plus souvent consécutive à la prise d’antibiotiques, de corticoïdes ou alertant sur un affaiblissement de l’immunité.  

Les signes des candidoses digestives et systémiques

Lorsque la candidose touche le système digestif comme l’œsophage, les symptômes sont le plus souvent des douleurs abdominales, des ballonnements/gaz, des nausées/vomissements, brûlures d’estomac… 

Enfin, la candidose systémique se manifeste par une altération de l’état général, un état grippal résistant aux antibiotiques ainsi que par le développement de mycoses cutanées, génitales et digestives récurrentes. Ce tableau clinique doit vous alerter sur une baisse immunitaire et vous pousser à consulter. Les complications sont fréquentes avec un risque de décès.

Quelles sont les causes de la mycose ?

La candidose est due à la prolifération de la levure Candida albicans du genre Candida. Cette dernière est habituellement présente sur la flore de la muqueuse sans pour autant être pathogène. En revanche, sa prolifération anarchique sur la muqueuse est pathologique. De même que son développement sur la peau provoque des symptômes comme des plaques et des démangeaisons.

"Le déséquilibre de la flore de la muqueuse provoquée par la prolifération de Candida albicans ou sa présence sur la peau a plusieurs explications possibles comme la prise d’antibiotique, un déséquilibre hormonal ou immunitaire ou encore un manque d’hygiène", selon le praticien.

Quels sont les facteurs de risque de la candidose ?

Les facteurs de risque du développement de la candidose sont :

  • les cures répétées d’antibiotiques : en effet, ces médicaments éliminent la présence de certaines bactéries de l’organisme. Or ces dernières permettent de lutter contre d’autres bactéries et contre les levures. Une fois une partie de nos bactéries éradiquées par les antibiotiques, les levures (dont celles du genre Candida Albicans) se multiplient afin de combler leur place 4 ;
  • les traitements qui modulent l’immunité : les corticostéroïdes anti-inflammatoires, les immunosuppresseurs… ;
  • une immunodépression congénitale ou acquise comme le virus du sida ;
  • la prise de contraceptifs oraux (pilule) augmente le risque de mycoses génitales ;
  • la sudation (et les températures chaudes), une mauvaise hygiène et les vêtements trop serrés (ou encore les sous-vêtements comme les strings) accentuent le risque de macération et de développement des levures.

Contrairement aux idées reçues, la candidose n’est pas contagieuse. Elle ne se transmet donc pas par contact. Il en va de même de la mycose génitale qui n’est pas considérée comme une MST. Toutefois, les femmes actives sexuellement seraient plus à risque, car les rapports sexuels fragilisent la flore vaginale.

Quelles sont les personnes à risque d'infection à candida albicans ?

Tout individu peut avoir un jour une candidose quel que soit son âge et son sexe. Toutefois :

  • les femmes sont plus à risque que les hommes puisque la mycose vaginale est une pathologie particulièrement répandue chez la femme. Les femmes actives sexuellement et/ou qui prennent un contraceptif oral sont les plus à risque ;
  • les nourrissons sont particulièrement à risque de muguet buccal entre la naissance et le second mois après l’accouchement ;
  • les personnes sous traitements antibiotiques ou corticoïdes ;
  • les personnes immunodéprimées.

Quelle est la durée de la candidose ?

Concernant la candidose vaginale, la durée des symptômes est variable en l’absence de traitement. Les traitements permettent toutefois d’en venir à bout en moins de 5 jours.

Pour ce qui est de la candidose buccale, les traitements permettent de s’en défaire en 1 à 3 semaines. En revanche, une guérison spontanée est toujours possible en quelques semaines.

Les candidoses de la peau cèdent en une à deux semaines grâce à des traitements locaux qui peuvent toutefois se prolonger pendant un mois afin d’éviter les récidives.

Pour ce qui est des candidoses systémiques, le traitement est habituellement de 15 jours. Mais il réside un risque de résistance au traitement, de récidives ou de complications. 

La mycose est-elle contagieuse ?

La candidose n’est pas une affection contagieuse. La levure est déjà présente dans l’organisme et les symptômes ne sont liés qu’à sa prolifération anarchique. En outre, les mycoses vaginales ne sont pas considérées comme des IST bien que les rapports sexuels soient un facteur de risque (induisant une fragilisation de la flore génitale).

Candidose : qui, quand consulter ?

En cas de symptômes évocateurs, vous pouvez consulter un médecin généraliste, un dermatologue ou un gynécologue (s’il s’agit d’une mycose vaginale).

Quels sont les examens et analyses de la mycose ?

Le diagnostic des candidoses cutanéo-muqueuses ne nécessite en général qu’un examen clinique chez un dermatologue. Toutefois, en cas de doute, un prélèvement local pourra être effectué et envoyé au laboratoire. En outre, les mycoses génitales sont diagnostiquées par un frottis.

Concernant les candidoses digestives (intestinales ou œsophagiennes), des prélèvements sont aussi nécessaires, car les symptômes très variés et non spécifiques rendent l’examen clinique non exhaustif. Le diagnostic sérologique n’est pas la preuve d’une infection (les candidas étant normalement présentes dans l’organisme). Leur nombre surélevé reste l’indicateur d’une prolifération de la bactérie. L’idéal reste l’analyse des selles qui met en évidence de nombreuses colonies de candida albicans.

Le diagnostic des candidoses systémiques est difficile et souvent tardif : il s’appuie sur la notion de fièvre prolongée résistante aux traitements antibiotiques chez un patient immunodéprimé. Des examens sanguins (sérologie et hémoculture) confirment le diagnostic.

Quels sont les traitements d'une infection à candida albicans ?

Soigner la candidose cutanéo-muqueuse 

La plupart du temps un traitement antifongique local (imidazolés, polyènes, cyclopiroxolamine) est suffisant pendant 2 à 4 semaines. Toutefois, pour les personnes immunodéprimées, en cas de récidives ou de résistance aux traitements topiques, un traitement antifongique par voie orale peut être prescrit.

Traiter la candidose sur les ongles 

Le traitement consiste en l’application de crèmes antifongiques ou de solutions filmogènes (imidazolé, cyclopiroxolamine, amorolfine) jusqu’à la repousse saine de l’ongle. L’exérèse des zones atteintes favorise la guérison. En cas d’inflammation des tissus autour de l’ongle, il faut associer un antiseptique. En cas de résistance aux traitements, d’atteintes de plusieurs ongles (avec inflammation importante) ou encore de récidives, un traitement antifongique par voie orale (fluconazole) est associé.

Le traitement de la mycose vaginale

La mycose vaginale relève d’un traitement local par des azolés (ovules, capsules ou gel vaginal). Il existe plusieurs produits disponibles : butaconazole, éconazole, miconazole, fenticonazole… La dose est généralement d’un ovule/capsule par jour pendant 3 jours. Un lavage quotidien à base de savon alcalin puis l’application d’un azolé sous forme de crème peuvent compléter ce soin et se poursuivre pendant 15 à 28 jours. En cas de récidive, un traitement par voie orale peut être prescrit (flucozanol).

Soigner la candidose buccale 

La mycose buccale doit être traitée par antifongiques locaux (nystatine, amphotéricine B, miconazole…) pendant 10 à 21 jours selon qu’il s’agisse d’une forme aiguë ou chronique. On associe des bains de bouches avec un antiseptique (chlorhexidine) ou encore du bicarbonate de soude. En cas de résistance aux traitements ou si le patient est immunodéprimé, on envisage des antifongiques oraux systémiques(fluconazole).

Le traitement de la candidose systémique

Pour ce qui est de la candidose systémique, les traitements sont toujours généraux (généralement le fluconazole) et durent 15 jours après le diagnostic et/ou la disparition des symptômes. Ils sont administrés par voie orale (comprimés, gélules, solutions buvables…) ou injectable à l’hôpital.

Comment prévenir la candidose ?

Voici quelques conseils pour éviter la candidose cutanéo-muqueuse :

  • avoir une hygiène méticuleuse en utilisant de préférence des savons alcalins ;
  • éviter les vêtements et les sous-vêtements trop serrés ;
  • éviter les strings ;
  • se laver avant et après un rapport sexuel avec un savon alcalin ;
  • le lavage de mains fréquent ou à défaut l’utilisation de gel hydroalcoolique sont recommandés.

L’évitement des candidoses intestinales passe par un mode de vie sain et une alimentation équilibrée.

Sources

Entretien avec le Dr. Marc Perrussel, dermatologue et vénérologue.

1- Candidoses, institut pasteur ;

2- Les MST, Dr. Jean Cohen, Patrick Madelenat, Rachel Levy-Toledano, CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français) 

3- Mycose-Candidose vulco-vaginale, A. Valiton-Crusi and al., Département gynécologique et obstétrique Hôpitaux Universitaires de Genève.

4- Effets secondaires dermatologiques des antibiotiques, 15° Journée nationale d’Infectiologie, Dr. Helene Durox, 2014