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Dans l'inconscient collectif, le profil type de la victime d'une crise cardiaque est un homme âgé. Pourtant, les médecins ont observé ces dix dernières années un schéma complètement différent qui vient bouleverser les idées reçues : d'après les enquêtes réalisées par la Société Française de Cardiologie (SFC), le nombre de cas d'infarctus chez la femme jeune (non ménopausée) a augmenté de 25%. Des chiffres alarmants, révélés le 21 septembre 2018 lors d'une conférence de presse donnée par la Fondation Cœur et Recherche, qui souhaite lever des fonds pour financer une étude visant à mieux comprendre ce phénomène et donc l'enrayer.

Des facteurs de risque qui restent à déterminer

Les facteurs pouvant expliquer cette tendance restent flous. "On croyait la femme jeune protégée par son statut hormonal [les risques de maladies cardiovasculaires augmentant après la ménopause à cause de la baisse du taux d'œstrogènes], explique Martine Gilard, Professeur de cardiologie au CHU de Brest et Présidente de la Société Française de Cardiologie, mais elle ne l'est apparemment plus autant. Les facteurs de risque possibles sont le tabagisme, car on sait que la femme jeune fume plus qu'avant et plus que l'homme, mais aussi la sédentarité, la femme se sentant peut-être moins concernée par les campagnes de santé publique préconisant la pratique d'une activité sportive. La surcharge pondérale en est également un." Des causes génétiques pourraient également être invoquées, les femmes étant plus à risque de dissection coronaire.

Une prise en charge moins bonne chez la femme que chez l'homme

De plus, les médecins étant plus conscients de ce phénomène, le diagnostic et donc la prise en charge seraient meilleurs, ce qui expliquerait cette augmentation de cas recensés. "Mais elle reste moins bonne que chez l'homme", affirme le Pr Gilard. Si la prise de conscience concerne aussi bien le corps médical que le grand public, elle est autant sanitaire que sociale : "On considère que la femme ne fait pas d'infarctus, d'autant plus quand elle est jeune. Pourtant, les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité chez la femme en France, et parmi elles l'infarctus du myocarde est la plus commune. C'est une véritable problématique de santé publique."

Cette méconnaissance retarde en effet la prise en charge et réduit ainsi considérablement les chances de survie : on estime qu'une femme qui fait un infarctus a un retard de prise en charge allant de 30 minutes à une heure ! Un retard qui découle notamment de la négligence des signes avant-coureurs, qui sont pourtant les mêmes chez les deux sexes : "Que ce soit pour l'homme ou pour la femme, dans 90% des cas, le symptôme principal est une douleur diffuse et non ponctuelle à la poitrine, qui peut s'étendre jusqu'au bras, au dos ou à la mâchoire. Cette douleur est associée à une grande angoisse, à une fatigue et parfois à des nausées. Les autres signes atypiques ne concernent que 8% des cas."

Et en cas d'observation de ces symptômes, la conduite à tenir est la même : "Appeler immédiatement le 15, s'allonger en attendant pour mieux faire circuler le sang et si l'on est seul(e), ouvrir la porte pour faciliter l'arrivée des secours."

Des fonds pour une meilleure prévention

"Nous avons besoin de fonds pour comprendre les raisons de l'augmentation du nombre de cas d'infarctus chez la femme jeune et ainsi la faire baisser en améliorant la prévention", explique le Pr Gilard. Si les facteurs restent à déterminer clairement, "il est évident que l'arrêt du tabac, faire du sport et faire attention à son alimentation sont des mesures préventives à appliquer pour réduire les risques d'infarctus."

Sources

"L'infarctus, 1ère cause de mortalité chez la femme". Conférence de presse présentée par Martine Gilard, Professeur de cardiologie au CHU de Brest et Présidente de la Société Française de Cardiologie (SFC). 21 septembre 2018.

Vidéo : Infarctus : ces signes que les femmes ignorent

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