Covid long : une persistance du virus dans les muqueuses en cause ?

Une grande fatigue, de l’essoufflement, des difficultés d’élocution, des troubles cognitifs parfois graves, une incapacité à rester debout trop longtemps… Voilà certains des symptômes du Covid long, aussi appelé “état post-Covid”. Aujourd’hui en France, Santé publique France estime que 30% des personnes ayant été infectées par le virus SARS-CoV-2 sont concernées. Cela, bien sûr, si l’on s’en tient aux personnes officiellement reconnues comme telles : beaucoup de patients, à l’heure actuelle, peinent à obtenir un diagnostic, malgré des symptômes lourdement handicapants qui les empêchent de travailler.

Pour rappel, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit le Covid long comme la persistance des symptômes liés à la contraction du coronavirus pendant au moins 3 mois.

Covid long : des centaines de millions de personnes pourraient être concernées

Pour tenter d’en savoir plus sur les causes du Covid long et sur sa durée dans le temps, des chercheurs de l’Université de Minho, au Portugal, ont évalué la réponse immunitaire de personnes souffrant de cette pathologie en la comparant avec celle de personnes ayant contracté le Covid-19, sans séquelles. Ces évaluations ont été faites 6 mois après l’infection initiale. Les résultats des chercheurs ont été publiés dans la revue Nature Communications le 30 mars 2023.

“À cause d’une grande hétérogénéité en termes de population, de méthodes, de temporalité et de genre d’analyse, on ne peut pas, pour le moment, estimer avec précision une prévalence globale du pourcentage de patients atteints du Covid long. On sait cependant qu’environ la moitié des patients hospitalisés à cause du Covid-19 (entre 31 et 69%) présentent des séquelles du Covid-19”, notent les chercheurs.

Qui ajoutent : “Étant donné que 500 millions de personnes ont été infectées dans le monde, le fardeau des séquelles du Covid-19 est une autre facette, immense, de la pandémie, avec des impacts sur la qualité de vie des gens, sur leurs capacités, sur leur autonomie et sur nos système de santé.” En France, 2,06 millions de personnes de plus de 18 ans étaient concernées en avril 2022, selon Santé publique France.

Le SARS-CoV-2 pourrait aller se loger dans la muqueuse intestinale

Les chercheurs de l'Université de Minho ont ainsi prélevé des échantillons sanguins durant la phase aiguë du Covid-19 chez 72 patients. Puis ils se sont, entre autres, focalisés sur la présence de lymphocytes T, des cellules immunitaires essentielles à l'élimination du SARS-CoV-2, mais aussi sur la présence d'anticorps. Résultats : certains marqueurs sanguins ont été identifiés chez 70 à 80% des patients Covid long. Chez les patients témoins, ces marqueurs étaient très rares.

D’après les chercheurs, il est possible que, chez les personnes atteintes de Covid long, le SARS-CoV-2 aille se loger dans la muqueuse intestinale et reste ainsi dans l’organisme plus longtemps. “Celle-ci est plus “permissive” sur le plan immunitaire que le reste de l'organisme, dans la mesure où elle doit tolérer la flore bactérienne”, explique le média scientifique Futura Sciences.

Plus précisément, les scientifiques ont découvert que les patients souffrant de Covid long présentaient une protéine inflammatoire en quantité trop importante et un sous-type de cellule essentiel au contrôle des virus dans les muqueuses en trop faible quantité.

“Nos résultats montrent des avancées majeures dans la compréhension du Covid long. [...] Des traitements contre ce syndrome pourraient être basés sur des médicaments antiviraux, qui n’ont pas encore été testés”, concluent les auteurs de l’étude.