Movember : prostate, testicules… Le mois contre les cancers masculinsAdobe Stock
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Messieurs à vos moustaches ! Movember, c’est le mois de sensibilisation aux maladies masculines. Il s’agit d’un événement annuel organisé par la fondation Movember Foundation Charity. Chaque année au mois de novembre, les hommes du monde entier sont invités à se laisser pousser la moustache dans le but de sensibiliser l'opinion publique et de lever des fonds pour la recherche dans les maladies masculines telles que le cancer de la prostate, le cancer des testicules, mais aussi les maladies mentales et la prévention du suicide.

Le nom de ce mouvement vient de la contraction de "mo", abréviation de moustache en anglais australien, et de "November", novembre en anglais. Depuis 2003, cette fondation australienne relève le pari de "changer le visage de la santé au masculin".

Movember se qualifie elle-même comme "la principale association qui change le visage de la santé des hommes". Depuis 2003, Movember a financé plus de 1 250 projets autour de la santé des hommes dans le monde, remettant en cause le statu quo, bouleversant les recherches sur ce sujet et transformant la façon dont les services de santé atteignent et soutiennent les hommes. D'ici 2030, la fondation espère réduire de 25% le nombre d'hommes qui décèdent prématurément.

Movember : alerter sur des maladies masculines taboues

Si cette opération est bien moins connue et médiatisée qu'Octobre Rose, c'est surtout parce que les hommes ont tendance à se désintéresser de leur santé et à être beaucoup moins impliqués que les femmes dans la prévention. Selon l’oncologue médical Natacha Naoun, de l’hôpital Gustave-Roussy, les cancers de la prostate et du testicule restent également "des maladies taboues". Elle confie en effet àOuest-France qu'elles touchent à l’intimité des hommes et à ce que certains considèrent comme relevant de leur virilité. "Les homme c’est fort, ça ne se plaint jamais",assure également avec ironie Christian Wiltord, vice-président de Cerhom, association de patients atteints de cancers masculin. Le Dr Naoun met toutefois en garde sur le danger inverse, le surtraitement en raison du dépistage par le taux de PSA et le toucher rectal. "Il faut cibler les efforts sur des populations particulières, notamment celles qui ont des antécédents dans la famille, de cancer du sein, de la prostate, éventuellement du pancréas, car dans ces cas, cela peut être lié à des mutations héréditaires. Ou des patients d’origine antillaise ou africaine, qui ont un sur-risque de maladies précoce", assure-t-elle auprès du quotidien régional.

L'organisation leader de la santé masculine Movember se fixe des objectifs chiffrés rapides et souhaite d'ici 2030 :

  • Réduire de 25% la mortalité prématurée des hommes
  • Réduire de 25% le taux de suicide chez les hommes
  • Réduire de moitié le nombre de décès dus aux cancers de la prostate et des
    testicules
  • Réduire de moitié le nombre d’hommes atteints de ces cancers qui subissent
    des effets secondaires physiques et psychologiques

Dans ce cadre, Movember invite les Français à "se laisser pousser la moustache en novembre pour aider à changer le visage de la santé masculine". Un symbole pour alerter sur des maladies masculines encore trop taboues.

Quelle est l’origine du mouvement ?

Le site movember.org revendique l'invention du véritable mouvement Movember, se déclarant "MO-riginal" et "MO-fficiel". C'est à Adélaïde, en Australie, en 1999, qu'un groupe de 80 personnes se lance pour la première fois le défi de se laisser pousser la moustache durant tout le mois de novembre. Profitant de l'originalité du concept, ils vendent des T-shirts qui leur permettent de récolter des fonds pour des associations caritatives telles que la RSCPA (association contre la cruauté envers les animaux). L'initiative était toutefois à l’époque anecdotique et locale.

C’est en 2003 qu’un groupe d'amis de Melbourne reprend le concept. Estimant que les hommes sont moins attentifs à leur santé que les femmes et que les maladies masculines demeurent taboues, ces Australiens ont décidé d’inviter 30 hommes à se laisser pousser la moustache pendant 30 jours. Une opération caritative destinée à attirer l'attention sur les maladies masculines telles que le cancer de la prostate et à récolter des fonds pour la recherche médicale. L'association décide au départ de concentrer spécifiquement son action en faveur de la "Prostate Cancer Foundation". Pour rappel, en France, le caner de la prostate est le plus fréquent des cancers de l’homme puisque plus de 71 000 cas ont été diagnostiqués en 2011. Plus de 8 500 hommes décèdent de leur cancer chaque année.

Face au succès de l’opération, le groupe devient officiellement une fondation : la Movember Foundation Charity. Depuis 2007, le phénomène s’est étendu à travers le monde. L'Irlande, le Canada, la République Tchèque, le Danemark, le Salvador, l'Espagne, le Royaume-Uni, Israël, l'Afrique du Sud, Taïwan, les États-Unis, le Japon, le Kazakhstan, la Pologne et, depuis peu, la France y participent.

Movember 2022 : à quelle date, comment participer ?

Cette année, la 11e édition de Movember débutera le lundi 1er novembre et s’achèvera le lundi 30 novembre 2021. Si vous souhaitez participer au mouvement, il vous suffit de v ous inscrire sur le site de la fondation movember.com afin de devenir un "MoBro", surnom donné aux participants officiels. Même si la barbe est un essentiel beauté très répandue chez les hommes actuellement, dès le 1er novembre, il sera l’heure de vous raser de près et de laisser pousser votre moustache. Vous devrez partager régulièrement l’état d’avancement de votre moustache sur les réseaux sociaux ainsi que sur l'application mobile et le site de Movember.

Movember 2022 : préserver la santé mentale des hommes

Pour cette 11ème édition, Movember revient sur le devant de la scène pour faire bouger les choses en matière de santé mentale, dans la prévention du suicide et dans la lutte contre les cancers de la prostate et des testicules. "Empêcher les hommes de mourir trop jeunes", tel est le leitmotiv de Movember.

Dans un communiqué de presse, Movember France a rappelé que "les trois dernières années ont été enregistrées comme les plus difficiles jamais vécues auparavant : les pertes d’emplois, le stress relationnel et l’isolement social ont fait des ravages". En effet, le taux de suicide en France et l’un des plus élevé des pays européens et 3 suicides sur 4 dans le monde sont masculins. L’OMS évalue à 510 000 le nombre d’hommes qui se suicident chaque année dans le monde. Cela correspond à 1 suicide par minute. Cette année, Movember s’engage pendant tout le mois de novembre à "influencer l’opinion en matière de santé mentale masculine".

Selon Vincent Lapierre, Directeur du centre de suicide à Paris, "la principale raison est que les hommes consultent moins les psys que les femmes, c’est une constante dans tous les pays du monde". Il estime que "la santé mentale fait appel à des éléments subjectifs. Or, on est tous pris dans nos propres représentations et dans les stéréotypes de genre. C’est le fameux' sois fort'". Or, les hommes de 35-55 ans restent la catégorie la plus touchée par le suicide, sur laquelle on ne parvient pas à faire baisser les chiffres. "On sait que les messages de santé publique génériques ne fonctionnent pas très bien sur l’homme. Ce qui marche mieux, c’est la pression sociale par les pairs . C’est l’esprit des 'MoBros', les frères qui partagent leur expérience et inspirent leurs pairs".

Si vous n’êtes pas un homme ou que vous ne souhaitez pas vous mettre à la moustache, vous pouvez courir pour la santé masculine. Engagez-vous à marcher ou à courir 60 km au cours du mois. Selon movember.com, c'est "60 km pour les 60 hommes que nous perdons à cause du suicide par heure à travers le monde". Movember est le mois de sensibilisation aux cancers masculins, dont celui de le prostate et des testicules.

Cancer de la prostate : quels symptômes ?

En France, le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers de l’homme puisque plus de 50 400 cas ont été diagnostiqués en 2018. 8 100 hommes en sont décédés cette même année. C’est la troisième cause de décès par cancer chez l’homme. Au début de son évolution, le cancer de la prostate ne présente aucun symptôme. Lorsque des symptômes apparaissent, il est nécessaire de faire la différence entre un cancer de la prostate et une hypertrophie bénigne de la prostate (adénome) dont les symptômes sont identiques.

Les signes de cancer prostatique sont les suivants :

  • Des difficultés pour uriner. Ce sont principalement des difficultés à commencer la miction, des difficultés à retenir l’urine, des envies fréquentes d’uriner, un faible débit urinaire, des sensations de pesanteur pelvienne au moment de la miction.
  • La présence de sang dans l’urine ou le sperme.
    Des douleurs ou raideurs au niveau des lombaires, aux hanches ou en haut des cuisses.
  • Des infections urinaires à répétition, provoquant des brûlures urinaires.
  • Des difficultés sexuelles comme : des éjaculations douloureuses, ou des difficultés à obtenir ou maintenir une érection.

Plusieurs célébrités ont révélé avoir souffert d'un cancer de la prostate.

Dépistage du cancer de la Prostate : les conseils d’une urologue qui vont vous rassurer

À l’occasion de la journée nationale du cancer de la prostate, Inès Dominique, urologue, livre auprès de Medisite quelques conseils pour mieux appréhender au mieux sa première consultation.

L'urologue précise que pour réaliser le dépistage du cancer de la prostate, il est nécessaire de passer par deux phases :

  • le toucher rectal
  • le dosage de PSA, autrement dit une prise de sang.

"Grâce à cette manœuvre, on récupère l’hormone de la prostate pour voir s’il y a des choses qui pourraient faire suspecter le début d’un cancer", explique l’urologue. "Mais ce n’est pas systématique."

En effet, la spécialiste rappelle que ces examens sont uniquement réalisés dans le cadre d’un dépistage du cancer de la prostate. "Lorsque vous allez chez votre urologue, c’est avant tout une consultation de routine, comme-ci vous alliez chez votre médecin traitant. Il n’y a pas de gestes invasifs ou douloureux", insiste-t-elle.

"Pour les hommes qui s'inquiéteraient, le toucher rectal n’est également pas systématique puisqu’il est essentiellement réalisé dans le cadre du dépistage. La plupart du temps, le rendez-vous n’est qu’une discussion entre l’urologue et le patient", tient à rassurer la spécialiste.

En tous les cas, sachant que le cancer de la prostate est la troisième cause de mort par cancer chez les hommes, il est essentiel que les hommes affrontent le tabou du toucher rectale et aillent se faire dépister. Le Dr Inès Dominiquerappelle à quel point il est important pour un homme de plus de 50 ans de se faire dépister tous les ans de la maladie.

Cancer de la prostate : 5 habitudes pour le prévenir

Un mode de vie sain réduirait de 50% le risque de développer un cancer mortel de la prostate. C'est ce qu'il ressort d'une étude publiée le 28 mai dernier dans la revue European Urology. "Grâce à des modifications du mode de vie, à un dépistage précoce et à un traitement précoc e, nous pourrons peut-être faire face à des risques génétiques élevés, et c’est un message important que les hommes doivent transmettre. Nous nous attendons à ce que beaucoup plus d’hommes connaissent leur risque génétique à mesure que ces outils deviennent de plus en plus largement utilisés qu’ils ne le sont aujourd'hui", assurent-ils.

Si d’autres recherches sont encore nécessaires pour confirmer ces résultats, les scientifiques donnent les cinq habitudes saines définies comme les plus préventives contre le cancer de la prostate :

  • Maintenir un poids sain
  • Pratiquer une activité sportive
  • Éviter le tabac
  • Réduire la consommation de viande transformée
  • Consommer des tomates et des poissons gras

Cancer des testicules : comment le diagnostiquer ?

Les cancers masculins des testicules et de la prostate sont deux des maladies masculines sur lesquelles se sont mobilisés les créateurs de la fondation Movember. En effet, s'il est heureusement peu mortel, en France, le cancer des testicules est le plus répandu des cancers chez les jeunes hommes de 15 à 35 ans. L’âge moyen de son diagnostic est d'environ 37 ans. Cependant, son taux de mortalité est très faible, inférieur à 1%, car il répond se soigne et répond très bien au traitement. Interrogé par Medisite, le docteur Emmanuel Béguier, ocncologue et radiologue, précise qu’"en France, son incidence est relativement stable". Les personnes les plus à risque de cancer du testicule sont des hommes jeunes ayant un antécédent de cryptorchidie, opérée ou non et, ayant déjà eu un cancer du testicule ou ayant un antécédent familial direct de cancer du testicule. Chez ces individus, le dépistage par auto-palpation testiculaire régulière est fondamental pour dépister au plus tôt une masse sur un testicule.

Pour rappel, les principaux symptômes du cancer du testicule sont :

  • Une boule ou une masse perçue dans un testicule, à la palpation. La masse est indurée au toucher et indolore ;
  • une sensation de gêne ou de pesanteur dans le scrotum, avec parfois une augmentation de volume d’un testicule;
  • l’apparition de liquide dans les bourses, prédominant d’un côté;
  • une douleur dans les bourses, mais ce signe est plus rare, car le cancer n’entraîne généralement pas de douleur ;
  • un gonflement et une sensibilité au niveau des seins peut être observé, mais reste exceptionnel ;
  • une infertilité, avec la découverte du cancer lors du bilan d’infertilité ;
  • la palpation de ganglions persistant s au niveau de l’aine.
Sources

Movember Foundation.

https://fr.movember.com/about/foundation

mots-clés : testicules
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