Définition : qu'est-ce que le Cancer de l'endomètre

Le cancer de l’endomètre est dû à la prolifération anarchique des cellules de la paroi interne de l’utérus, à l’origine d’une tumeur.

Qu'est-ce que l'endomètre ?

L’endomètre est la couche intérieure de la paroi du corps de l'utérus, il a un aspect qui varie en fonction des moments du cycle, chez la femme non ménopausée. Il se modifie en fonction des cycles hormonaux et la chute de sa muqueuse constitue les règles, chaque mois, en l’absence de fécondation. Après la ménopause, l’endomètre ne se transforme plus.

Un excès d’oestrogènes provoquerait un déséquilibre provoquant une croissance mal contrôlée des cellules endomètriales.

Ces cancers apparaissent lorsqu'une des cellules de l'endomètre, normale au départ, se transforme, puis se multiplie de manière anarchique, au point de créer un amas de cellules anormales, ce qu'on appelle alors une tumeur. En général, les cancers de l'endomètre se développent au niveau de l'épithélium, c'est-à-dire la première couche de l'endomètre. Les médecins parlent dans ce cas de "carcinomes" autrement dit, des formes les plus communes de cancer de l'endomètre.

Chiffres

Parmi les cancers gynécologiques, le cancer de l’endomètre est le deuxième cancer le plus fréquent en France, derrière le cancer du sein. C’est le cinquième cancer de la femme, en incidence (nombre de nouveaux cas sur une période).

On estime à 7 250 le nombre de nouveaux cas annuels (derniers chiffres de 2012). C’est un cancer dont le pronostic est relativement bon, en raison des progrès thérapeutiques. Son taux de mortalité est donc assez faible, en comparaison des autres cancers féminins.

Aux États-Unis, c'est le 4e cancer par ordre de fréquence dans la population féminine. Il touche 1 femme sur 50.

Le cancer de l'endomètre survient principalement chez des femmes ménopausées, mais dans 15% des cas, il touche des femmes non ménopausées et, dans un très faible nombre de cas, des femmes de moins de 40 ans.

L'âge moyen du diagnostic est approximativement vers l'âge de soixante ans.

Photo : illustration du système reproducteur féminin

Chiffres

Symptômes

Les symptômes qui doivent alerter sur l’éventualité d’un cancer de l’endomètre sont :

  • chez les femmes non ménopausées, des saignements vaginaux entre les périodes de règles et des règles anormalement abondantes ou longues ;
  • chez les femmes ménopausées, la réapparition de saignements gynécologiques. Des saignements chez la femme ménopausée doivent toujours être explorés, car ils ne sont jamais normaux ;
  • des pertes blanches vaginales inhabituelles ;
  • des crampes abdominales ou des douleurs au bas-ventre ;
  • des douleurs à la miction ou des sensations de pesanteur pelvienne ;
  • des douleurs pendant les rapports sexuels.

Cette symptomatologie n’est pas forcément le signe d’un cancer de l’endomètre, mais cela doit alerter et motiver une consultation chez un médecin généraliste ou un gynécologue, pour effectuer des explorations.

Pourquoi ce cancer peut-il passer inaperçu à lors de la ménopause ?

Ma réponse de médecin généraliste :

"Si le cancer de l’endomètre se développe au moment de la ménopause, l’irrégularité des cycles et de l’abondance des saignements peuvent retarder le diagnostic, ce qui explique l’importance du suivi gynécologique à cette période."           

Causes

Une augmentation du taux d’oestrogènes pourrait être à l’origine du cancer de l’endomètre. Cette augmentation peut être due à un traitement hormonal oestrogènique ou à l’obésité qui accroit le taux d’oestrogènes circulant.

Les autres causes du cancer de l’endomètre seraient :

  • l’hypertension artérielle ;
  • l’âge ;
  • le surpoids. Selon une récente étude britannique, le surpoids double le risque de développer un cancer de l'endomètre ;
  • des facteurs génétiques.

Il arrive que, dans un nombre non négligeable de cas, aucune cause du cancer de l’endomètre ne soit retrouvée.

Facteurs de risques

Les principaux facteurs de risque du cancer de l’endomètre sont :

  • L’obésité : les tissus adipeux en excès synthétisent des oestrogènes en grande quantité et ceux-ci vont favoriser la croissance de l’endomètre et la multiplication anormale de cellules endométriales. 
  • L’hormonothérapie substitutive aux oestrogènes seuls. Ces traitements sans progestérone sont prescrits uniquement chez les femmes ayant eu une hystérectomie (ou ablation de l’utérus).
  • Une alimentation trop riche en graisse car elle agit directement sur le métabolisme des oestrogènes. Et augmente donc le risque de cancer de l’endomètre.
  • Un traitement au Tamoxifène. pour prévenir ou traiter un cancer du sein augmente le risque de développer un cancer de l’endomètre, mais ce risque est faible en rapport au bénéfice du traitement pour le cancer du sein.
  • La sédentarité.

Néanmoins, certaines femmes sans facteur de risque, peuvent développer un cancer de l'endomètre.           

Personnes à risque

Les femmes à risque de cancer de l’endomètre sont celles qui présentent :

  • une obésité ;
  • un diabète ;
  • un traitement antérieur par le Tamoxifène ;
  • un syndrome de Lynch, maladie héréditaire qui provoque un risque accru de cancer de l’endomètre ;
  • les femmes ménopausées en raison de la diminution du taux de progestérone, hormone qui a un rôle protecteur pour l’endomètre;
  • les femmes dont les règles sont apparues avant 12 ans ;
  • les femmes ayant une ménopause tardive en raison de l’exposition prolongée aux oestrogènes ;
  • les femmes n'ayant pas eu d'enfant ;
  • les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques ;
  • les femmes ayant une hyperplasie de l’endomètre ;
  • les femmes ayant des antécédents familiaux de cancer du côlon de forme héréditaire ;
  • les femmes atteintes d’une tumeur de l’ovaire qui augmente la production d’oestrogènes ;
  • les femmes prenant des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, composés d’oestrogènes seuls.

Durée

Dans le cadre d'un cancer, on parle plus de pronostic que de durée (cf plus bas).

Qui, quand consulter ?

En cas d’apparition de symptômes évocateurs, principalement de saignements anormaux ou trop abondants, il est nécessaire de consulter son médecin traitant ou son gynécologue qui va effectuer un examen gynécologique complet et prescrire le bilan complémentaire nécessaire.             

Examens et analyses

Le médecin traitant ou gynécologue prescrira une échographie pelvienne, qui pourra être réalisée par voie vaginale afin de mieux visualiser l’utérus. En cas d’épaississement de la paroi interne de l’utérus, une biopsie pourra être pratiquée au cabinet du gynécologue en introduisant une sonde par le col de l’utérus qui va aspirer des cellules endométriales qui seront ensuite analysées dans un laboratoire d’anatomopathologie pour le diagnostic d'un éventuel cancer.

Un bilan biologique et un bilan d’extension (radiographie des poumons, scanner thoraco-abdominal…) seront ensuite réalisés.

Examens et analyses© Istock

Pronostic

Lorsque le cancer de l’endomètre est diagnostiqué et traité à un stade précoce, le pronostic est favorable avec un taux de survie de 95 % à 5 ans après le traitement. Le pronostic devient moins favorable lorsque des métastases (lorsque le cancer se répand) sont présentes ou que la femme est très âgée.          

Traitements

Le traitement du cancer de l’endomètre dépend de son stade évolutif, de son bilan d’extension (métastases ou non), de l’âge et de l’état général de la patiente.

Plusieurs méthodes de traitement existent, qui sont choisies en réunion de concertation pluri-disciplinaires avec un gynécologue, un chirurgien, un oncologue et tout autre professionnel de santé qui pourrait apporter son expertise. Ce traitement est ensuite proposé à la patiente.

Cancer de l'endomètre : quand recourt-on à la chirurgie ?

La chirurgie est le traitement de choix du cancer de l’endomètre. Elle consiste à retirer l’utérus. C’est l’hystérectomie. Généralement, en post-ménopause, les ovaires et les trompes sont retirées en même temps, pour éviter la production d’oestrogènes par les ovaires. Chez la femme plus jeune, la conservation des ovaires est discutée.

L’hystérectomie totale peut se faire par plusieurs techniques chirurgicales comme la coelioscopie (sans ouverture de l’abdomen), par voie vaginale ou par laparotomie (avec ouverture de la paroi abdominale). Si le cancer ne s’est pas étendu, ce traitement peut être suffisant.

Chez certaines femmes, très âgées par exemple, la chirurgie peut être contre-indiquée. On propose alors d’autres traitements.

Cancer de l'endomètre : quand recourt-on à la radiothérapie ?

La radiothérapie est envisagée lorsque la chirurgie est contre-indiquée ou en complément de celle-ci, pour éviter la récidive. Elle s’étend sur plusieurs semaines. On peut également utiliser la curiethérapie par voie vaginale.

Cancer de l'endomètre : quand recourt-on à la chimiothérapie ?

La chimiothérapie peut également être proposée en cas de contre-indication à la chirurgie ou en complément de celle-ci pour consolider son efficacité. Elle peut également être associée à la radiothérapie.

Cancer de l'endomètre : quand recourt-on au traitement hormonal ?

L’hormonothérapie utilise des médicaments anti-oestrogènes. Ce traitement est souvent administré en complément des autres traitements pour diminuer la stimulation et la multiplication des cellules cancéreuses.

Selon le Docteur Béguier, radiothérapeute, "l’hormonothérapie a permis d’allonger considérablement la survie des femmes atteintes d’un cancer du sein ou de l’endomètre".

Cancer de l'endomètre : quels sont les soins complémentaires ?

Les soins complémentaires comportent une prise en charge de la douleur et une prise en charge psychologique, surtout chez la femme non ménopausée. En effet, la fertilité et la sexualité sont perturbées.

Quel suivi après un cancer de l'endomètre ?

Le suivi post-traitement du cancer de l’endomètre est indispensable, comme pour tout cancer. Le gynécologue doit être revu tous les 3 mois pendant 2 ans, puis tous les 6 mois et enfin, annuellement. Au moindre doute, il prescrira des examens complémentaires pour s’assurer de l’absence de récidive.

Cancer de l'endomètre : bientôt de nouvelles thérapies ?

Les scientifiques espèrent bientôt mettre au point de nouvelles thérapies pour ces cancers : comme pour celui du col de l’utérus, les chercheurs tentent de mieux comprendre les tumeurs afin de développer des molécules capables de cibler davantage et plus efficacement les cellules cancéreuses. Autre espoir contre le cancer de l'endomètre : optimiser les protocoles de chirurgie actuels, et améliorer les traitements par radiothérapie ou curiethérapie.

Prévention

Quelles sont les mesures de dépistage du cancer de l'endomètre ?

Il n’existe pas de dépistage organisé du cancer de l’endomètre. C’est pourquoi le suivi gynécologique régulier est important, même après la ménopause. Les seins, le col de l’utérus, le corps de l’utérus et les ovaires doivent être surveillés et une exploration complémentaire doit être organisée au moindre doute.

Le frottis dépiste-t-il le cancer de l'endomètre ?

Ma réponse de médecin généraliste :

"Le frottis vaginal, couramment appelé test de Pap (pour « test de Papanicolaou) », sert à dépister les cancers du col de l’utérus, mais non de l’endomètre. C’est pourquoi la visite chez le gynécologue régulière doit avoir lieu, notamment chez les femmes à risque."

Peut-on éviter le cancer de l'endomètre ?

Les mesures préventives de base, permettent de prévenir de nombreux cancers sont notamment applicables au cancer de l’endomètre. Il s’agit :

  • D'éviter le surpoids, car l’obésité est l’un des principaux facteurs de risque de cancer de l’endomètre en raison de l’augmentation du taux d’oestrogènes. Ce risque est encore plus grand après la ménopause.
  • D'avoir une activité physique régulière d’au moins trois heures hebdomadaires.
  • En cas de traitement hormonal substitutif, prescrit après la ménopause, de veiller à ce que celui-ci soit bien adapté et éviter les traitements avec des oestrogènes seuls, surtout chez les femmes à risque. L’association avec des progestatifs diminue le risque.
  • D'avoir une alimentation saine, équilibrée et variée avec suffisamment de fruits et légumes, en limitant les graisses et les sucres.
  • À noter : les  contraceptifs oestroprogestatifs (pilule, anneau, patch) pendant plusieurs années réduisent le risque de cancer de l’endomètre, en raison de la présence de progestérone.

Le café joue un rôle protecteur, selon une étude

Une analyse publiée dans le Journal of Obstetrics and Gynecology Research, regroupant les données de 24 études sur la consommation de café, a révélé un possible effet protecteur de cette boisson, contre le cancer de l'endomètre. Au total, 699 234 individus ont été étudiés, dont 9 833 ont développé la maladie. 

Résultats : les personnes dont la consommation de café était la plus élevée avaient un risque relatif de développer un cancer de l'endomètre 29% inférieur à celui des sujets qui buvaient le moins de café. En outre, le café classique semble offrir une meilleure protection que le décaféiné. 

"Des études supplémentaires avec un échantillon de grande taille sont nécessaires [...] pour obtenir plus d'informations sur les avantages de la consommation de café par rapport au risque de cancer de l'endomètre", précisent les chercheurs. 

Une autre étude publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition confirme que le café pourrait éloigner le cancer de l'endomètre. Celle-ci a été réalisée sur 12 159 patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre et 27 479 femmes en bonne santé (sans cancer apparent). Résultat, les chercheurs se sont rendus compte que les femmes buvant quotidiennement une tasse de café présentaient un risque 13 % inférieur de présenter un cancer de l'endomètre par rapport aux participantes n’en buvant pas.

Selon les scientifiques, plus la consommation de café est élevée, plus le risque de survenue du cancer de l’endomètre baisse. En effet, il était inférieur de 10 %, 14 % et 24 % chez les femmes buvant respectivement une tasse, entre deux et troclais, et plus de quatre par jour. D’autre part, chez les femmes présentant un IMC supérieur à 25 (surpoids ou obésité), la consommation de plus de quatre tasses par jour permettait de réduire significativement le risque de ce type de cancer gynécologique.

Même constat lors de la méta-analyse publiée quelques mois auparavant. En effet, les femmes ayant une consommation de caféine élevée étaient celles qui présentaient le risque de survenue de cancer de l’endomètre le moins élevé également (environ 29 % de risque en moins). De la même manière, les patientes en situation de surpoids et d’obésité qui boivent du café quotidiennement voyaient leur risque diminuer d’environ 34 %.

Sites d’informations et associations

www.guerir.org : y sont disponibles des informations, actualités et études sur de nombreux cancers.

Sources

https://www.cancer-environnement.fr/415-Cancer-de-lendometre.ce.aspx

https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-l-endometre/Points-cles

https://www.fondation-arc.org/cancer/cancer-endometre/traitement-cancer

https://www.gyneco-online.com/canc%C3%A9rologie/le-point-sur-le-cancer-de-lendom%C3%A8tre

https://medicalxpress.com/news/2022-01-coffee-endometrial-cancer.html 

https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jog.15139

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36041172/

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