Rupture d’anévrisme : les facteurs qui vous rendent à risqueIstock
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L’anévrisme, qu’est-ce que c’est ?

On parle bien trop souvent de la rupture d’anévrisme sans même préciser ce qu’est un anévrisme. Ce dernier correspond en fait à "une fragilité sur la paroi d’une artère, explique le docteur Anne Léger, neurologue. Et comme les artères sont présentes dans tout le corps, toutes les parties de celui-ci peuvent être touchées."

Certains types d’anévrisme sont toutefois plus fréquents que les autres. Parmi eux, on retrouve les anévrismes cérébraux : on estime qu’1 à 2% de la population française en est porteuse. Il y a également les anévrismes de l’aorte abdominale, qui touchent "3 à 6% des hommes de plus de 65 ans, précise le docteur Jacques Tomasi, chirurgien cardiovasculaire. L’incidence est environ quatre fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes."

La rupture d’anévrisme n’est que le résultat de l’évolution de l’anévrisme. "L'histoire naturelle d'un anévrisme est d'augmenter de taille avec le temps, explique le Dr Tomasi. Ainsi, à une échelle de temps suffisante et en l'absence d'autre cause de mortalité, un anévrisme augmentera jusqu’à la rupture." Un anévrisme cérébral ou de l’aorte abdominale qui se rompt va entraîner une hémorragie massive, constituant un risque vital pour la victime.

Or, certains facteurs héréditaires et liés à notre mode de vie participent à cette croissance anévrismale et augmentent ainsi les risques de rupture d’anévrisme. Il est donc important de les connaître afin de pouvoir agir sur ceux qui sont réversibles. Découvrez quels sont ces facteurs de risque.

Le tabagisme multiplie par 7 le risque d’anévrisme

Parmi les facteurs de risque dits modifiables de l’anévrisme, qu’il soit cérébral ou abdominal, on trouve en première ligne le tabagisme. Selon le Dr Léger, "fumer multiplie par sept le risque d’anévrisme". Si le mécanisme impliqué n’est pas connu avec précision, on sait toutefois que "le tabac fragilise la paroi artérielle", parce que les substances toxiques dont il est composé provoquent "des réactions pro-inflammatoires de la paroi des artères".

La prévention consiste tout simplement, dans ce cas, à arrêter de fumer. "C’est un message de santé publique qui n’est pas forcément très bien connu face au tabagisme, mais qui est important à faire passer", souligne la neurologue.

L’hypertension exerce une pression sur les artères

Autre facteur déterminant de la rupture d’anévrisme sur lequel on peut agir : l’hypertension artérielle, qui touche un adulte sur trois en France.

Pourquoi ? Car une pression anormalement élevée du sang dans les vaisseaux sanguins va fragiliser ces derniers et ainsi "faire augmenter le risque de rupture", explique le Dr Léger. "C’est un facteur dit hémodynamique, ajoute le Dr Tomasi, d’où l’intérêt d’un excellent contrôle tensionnel" grâce à un suivi médical régulier.

Et outre les visites chez le médecin, il convient entre autres d’adopter une alimentation équilibrée, de réduire sa consommation de sel, de pratiquer une activité physique régulière, d’arrêter sa consommation de tabac et de limiter sa consommation d’alcool pour contrôler sa tension artérielle.

A noter :l’Inserm rappelle que l’on parle d’hypertension artérielle lorsque les valeurs de pression artérielle mesurées au repos sont supérieures ou égales à 140/90 mmHg.

Attention à l’excès de cholestérol et de triglycérides dans le sang

Dans le cas des anévrismes de l’aorte abdominale, la dyslipidémie constitue un facteur de risque préoccupant. Elle correspond à une quantité anormalement élevée ou diminuée d’un ou de plusieurs lipides (également appelés graisses) dans le sang : le cholestérol et les triglycérides. La rupture d’anévrisme de l’aorte abdominale est ainsi favorisée par une hypercholestérolémie ou une hypertriglycéridémie (lorsque ces graisses sont présentes en excès).

Pourquoi ? Car comme le tabac et l’hypertension artérielle, elles favorisent l’athérosclérose, un phénomène qui se caractérise par le "dépôt anormal de plaques graisseuses dans la paroi des artères" et qui contribue ainsi à leur fragilisation, selon le Centre Cardio-Thoracique de Monaco. D’où l’intérêt de les prendre en charge à travers l’adoption de certaines mesures hygiéno-diététiques et éventuellement la prise d’un traitement médicamenteux.

Les antécédents familiaux, des facteurs de risque rares, mais non modifiables

Les formes familiales d’anévrisme sont rares, mais elles existent : selon le Dr Léger, les risques sont en effet accrus "si un membre de votre famille au premier degré, c’est-à-dire votre père, votre mère, votre sœur ou votre frère est lui-même porteur d’un anévrisme".

Certaines maladies génétiques héréditaires comme la maladie de Marfan exposent également plus fortement les sujets qui en sont atteints à l’anévrisme. Ces facteurs de risque, qui dépendent de l’histoire familiale, ne sont donc malheureusement pas contrôlables.

Mais comment expliquer le caractère héréditaire de l’anévrisme ? Le 4 janvier 2018, une étude parue dans la revue American Journal of Human Genetics a permis d’identifier un gène muté, appelé ANGPTL6, chez les personnes qui souffrent d’une forme familiale d’anévrisme cérébral. Ce gène empêcherait le bon fonctionnement des artères en diminuant la concentration d’une protéine clé dans leur consolidation et favoriserait ainsi leur dilatation. Une découverte qui ouvre la voie à de nouvelles pistes de diagnostic précoce de l’anévrisme cérébral, comme le développement d’une prise de sang permettant d’évaluer la quantité de la protéine incriminée.

Rupture d’anévrisme : un pronostic effroyable

Détectés tôt, les anévrismes peuvent être pris en charge chirurgicalement et/ou en veillant au contrôle des facteurs de risque, de manière à éviter la rupture. Une prévention d’autant plus importante que le pronostic de la rupture d’anévrisme est "effroyable", déplore le Dr Tomasi : en cas de rupture d’anévrisme cérébral, le décès survient dans 50% des cas. Et lorsqu’il s’agit d’une rupture de l’aorte abdominale, l’issue est fatale dans 80% des cas.

Toutefois, les anévrismes étant asymptomatiques, ils sont difficiles à diagnostiquer. La plupart du temps, "ils sont découverts de manière fortuite, dans le cadre d’un examen pour une autre pathologie ou d’un dépistage individuel", explique le Dr Tomasi.

Les symptômes ne sont ressentis qu’au stade de la rupture : "une céphalée en coup de tonnerre" dans le cas de la rupture d’anévrisme cérébral, et des douleurs abdominales ou lombaires intenses dans le cas de la rupture d’anévrisme de l’aorte abdominale. Ces signes doivent pousser à consulter rapidement, en vue d’une intervention chirurgicale.

Mais si la rupture d’anévrisme a un "tableau clinique effrayant", de par son caractère soudain notamment, les professionnels de santé se veulent rassurants en rappelant qu’il s’agit d’un accident rare, d’autant plus lorsque l’on a une bonne hygiène de vie : "Plutôt que de subir des examens à répétition par peur de la rupture d’anévrisme, pensez d’abord à arrêter de fumer pour la prévenir !", martèle ainsi le Dr Léger.

Sources

Remerciements au docteur Jacques Tomasi, chirurgien cardiovasculaire, et au docteur Anne Léger, neurologue.

"L'anévrisme de l'aorte abdominale". Centre Cardio-Thoracique de Monaco.

"Anévrysme". Société française de neurochirurgie.

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