Cerveau : une anesthésie générale pendant l'enfance peut avoir des conséquences Adobe Stock

L’anesthésie générale est comparable au sommeil. Elle est produite par l’injection intraveineuse de médicaments ou par la respiration de vapeurs anesthésiques. Elle permet de supprimer la sensation de douleur ainsi que les réflexes moteurs d'une personne, afin de permettre la réalisation d'un acte chirurgical.

Une nouvelle étude publiée dans la revue internationale Anesthesia and Analgesia (2022) et rapportée par l'Inserm révèle que l'anesthésie générale pratiquée pendant l'enfance pourrait avoir des conséquences. Mené par des scientifiques de l’Inserm et de l’Université de Caen Normandie avec le CHU de Caen Normandie, "ce travail met en évidence une possible diminution localisée de volume de la substance grise associée à des modifications émotionnelles liée à une exposition précoce à l’anesthésie générale", détaille l'Inserm.

Concrètement, l'anesthésie générale pourrait entraîner des modifications comportementales ainsi que des modifications structurelles cérébrales.

Anesthésie générale : une diminution de 11 % du volume de matière grise

Chez l’animal, les chercheurs ont mis en évidence des modifications comportementales (régulation de la peur) associées à des modifications structurelles cérébrales. Ces dernières sont visibles en imagerie par résonance magnétique : les chercheurs observent une diminution de 11 % du volume de matière grise périaqueductale) chez des souris exposées plusieurs fois à l’anesthésie générale en période post-natale.

"Chez l’humain, l’analyse d’une cohorte de 102 enfants révèle des modifications au niveau cérébral (diminution de 6 % du volume du gyrus préfrontal droit) et au niveau comportemental (régulation de l’émotion)", détaille l'Inserm. Ce phénomène a été visible chez des enfants en bonne santé ayant bénéficié d’une seule anesthésie générale pour une chirurgie mineure dans l’enfance. Leur âge moyen était d'environ 4 ans.

L'étude a montré que plus l'anesthésie générale a été pratiquée jeune, plus les modifications dans le cerveau étaient importantes.

Les chercheurs soulignent l’importance de mener rapidement des recherches afin d’évaluer les effets de l’anesthésie générale lors de la petite enfance sur le développement cérébral, cognitif et socio-émotionnel ultérieur de l’enfant et de l’adolescent. "Ils invitent également les praticiens à une réflexion sur la période la plus propice pour mener une chirurgie au regard des effets potentiellement délétères de l’anesthésie générale sur le cerveau en développement", ajoute l'Inserm.

L'anesthésie générale de plus en plus pratiquée sur les jeunes enfants

Les anesthésies générales pratiquées sur les enfants sont de plus en plus fréquentes.

"Environ un enfant sur sept sera exposé à l’anesthésie générale avant l’âge de trois ans, déplore l'Inserm. Cet âge de trois ans correspond par ailleurs au seuil fixé en 2017 par la Food and Drug Administration (l’autorité américaine de régulation du médicament) en dessous duquel l’anesthésie générale pourrait avoir un impact sur le développement cérébral. Cette alerte faisait écho à plusieurs publications scientifiques de la fin des années 1990".

Des études avaient déjà démontré qu’une anesthésie générale précoce entraine des modifications cérébrales structurelles, fonctionnelles et comportementales à long terme.

Sources

https://presse.inserm.fr/lanesthesie-generale-dans-lenfance-pourrait-elle-avoir-des-consequences-cerebrales-structurelles-et-comportementales/45996/

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